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La Somalie déclare : Près de 200 navires iraniens font du braconnage dans nos eaux

PERSONNEL D’ADF

Des responsables somaliens déclarent qu’ils ont identifié près de 200 équipages de bateaux de pêche iraniens qui font du braconnage dans les eaux territoriales de Somalie, menaçant ainsi la sécurité économique et alimentaire du pays.

Le ministère somalien des Pêcheries et des ressources maritimes a précisé dans une déclaration qu’il a suivi les navires de pêche iraniens qui ont pénétré illégalement dans les eaux territoriales somaliennes entre janvier 2019 et avril 2020.

Dans sa déclaration, le ministre somalien des Pêcheries Abdullahi Bidhan a dit que « la présence des flottilles iraniennes dans les eaux somaliennes demeure une préoccupation de longue date pour la République fédérale de Somalie. La pêche illégale ne sera pas tolérée par la Somalie. »

En travaillant avec des organismes internationaux, la Somalie a suivi près de 200 navires iraniens qui pêchaient illégalement dans ses eaux territoriales. TRYGG MAT TRACKING

Le braconnage menace la sécurité alimentaire, le développement économique, la souveraineté et l’écologie marine de la Somalie. Le poisson est un aliment de base dans l’alimentation des Somaliens et jusqu’au tiers des 15 millions d’habitants de la Somalie ont des difficultés à obtenir de quoi manger.

La télédétection conduite par des organismes internationaux a identifié 112 vaisseaux de pêche iraniens et 83 filets dérivants dans la zone économique exclusive (ZEE) de la Somalie sans avoir obtenu de permis, principalement au large des côtes du Pount et du Somaliland au Nord-Est du pays.

Certains de ces vaisseaux pêchent aussi près de la côte, dans la zone réservée aux pêcheurs somaliens locaux, a déclaré le ministère.

Les vaisseaux ont été suivis à l’aide de l’imagerie satellitaire et des transpondeurs du système d’identification automatique utilisé pour éviter les collisions.

Depuis 2018, la Somalie exige que tous les vaisseaux pêchant dans ses eaux obtiennent une licence gouvernementale et signalent leurs prises au ministère des Pêcheries. Le gouvernement estime que la pêche côtière de la Somalie a une valeur annuelle de 135 millions de dollars. La ZEE de la Somalie s’étend sur un peu plus de 1 million de kilomètres carrés le long de son littoral de 3.200 kilomètres.

  1. Bidhan déclare que le gouvernement n’a jamais émis de licence à l’un quelconque des bateaux iraniens identifiés dans le projet de suivi, selon Africa Times.

Dans une interview conduite par BBC Africa, M. Bidhan déclare que son gouvernement a soumis officiellement une plainte concernant l’augmentation du nombre de vaisseaux de pêche iraniens illégaux. La Somalie cherchera aussi à être indemnisée pour la pêche illégale pratiquée au cours des années, selon le ministre.

La Somalie a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2016.

La Somalie fait partie de FISH-i Africa, consortium de 8 pays d’Afrique de l’Est qui ont un littoral sur l’océan Indien, dont le but consiste à contrôler la pêche illégale dans leurs eaux. Quatre d’entre eux (les Comores, Madagascar, l’île Maurice et les Seychelles) sont des pays insulaires tandis que les autres sont situés sur le continent entre la Somalie et le Mozambique.

L’océan Indien occidental abrite des ressources de poissons abondantes qui fournissent des emplois, soutiennent les économies locales et représentent une source importante d’alimentation pour la région et pour le monde. Toutefois, c’est aussi un point sensible pour la pêche illégale. Il attire les braconniers du monde entier vers les ressources abondantes de thon de la région, selon FISH-i Africa.

La Somalie a pu identifier les vaisseaux pratiquant le braconnage dans ses eaux territoriales en travaillant avec Global Fishing Watch et Trygg Mat Tracking. Ces deux groupes ont aidé à repérer les vaisseaux selon l’identification de leur transpondeur, puis à la confirmer à l’aide de l’imagerie satellitaire.

Duncan Copeland, analyste principal chez Trygg Mat, a déclaré au Guardian qu’il connaissait déjà l’existence de vaisseaux illégaux dans la région, mais que les dernières recherches montrent que « l’échelle est stupéfiante ».

« Nous voyons un très grand nombre de vaisseaux, déclare M. Copeland. Aucun plan de gestion ne pourrait adresser ce problème. Il y a beaucoup trop de pêche dans la région. Les stocks de poissons vont être épuisés. »

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