Kofi Portuphy parle à ADF des projets réalisés par son pays et des problèmes liés à la gestion des situations d’urgence.
ARTICLE D’ADF, PHOTO D’ADJ. DAVID H. LIPP/GARDE NATIONALE AÉRIENNE DU DAKOTA DU NORD
Kofi Portuphy est coordinateur national de l’Organisation de gestion des catastrophes nationales du Ghana (National Disaster Management Organisation ou NADMO). En septembre 2013, il a parlé à ADF des catastrophes qui touchent son pays, de la manière dont NADMO renforce les capacités d’intervention et du nouveau Centre des opérations d’urgence du pays. Le texte ci-après est une compilation révisée de ses propos.
SUR LE TYPE DE CATASTROPHES LE PLUS FRÉQUENT AU GHANA
Nous sommes confrontés à des inondations, des incendies, des catastrophes géologiques mais aussi des infestations par des parasites et des insectes. Nous sommes touchés par la grippe pandémique et des épidémies. Enfin, il existe des catastrophes d’origine humaine (catastrophes nucléaires, radiologiques, etc.).
SUR LES INTERVENTIONS DU GHANA FACE À CES CATASTROPHES
Nous avons identifié ces risques. Nous avons créé des comités techniques relatifs à ces risques et nous avons établi une cartographie de tous ces types de risques. Nous avons aussi dressé des plans nationaux de gestion des catastrophes et nous avons instauré le Comité national de gestion des catastrophes, présidé par le ministre de l’Intérieur. Nous disposons également de comités régionaux de gestion des catastrophes, présidés par des ministres régionaux, et de comités de district de gestion des catastrophes, présidés par des chefs de district.
Nous sommes confrontés aujourd’hui aux inondations. À l’heure où je vous parle, la saison des pluies bat son plein dans deux districts au nord du Ghana et nous avons 10.000 personnes déplacées par les inondations. Nous nous préparons à une inondation majeure, causée par le rejet des eaux excédentaires du barrage de Bagre, chez notre voisin, le Burkina Faso, où les pluies sont extrêmement fortes. Les autorités de ce pays nous ont informés que, le 23 septembre, elles déverseraient de l’eau si les pluies persistent. Par le passé, nous avons dressé la carte du cours des affluents et défluents de la Volta, et nous connaissons le nombre des communautés concernées dans la région. Au total, 30 communautés seront touchées très sérieusement lorsque le barrage sera ouvert. Nous savons que plus de 200.000 personnes dans le Haut Ghana oriental seront déplacées ou touchées. Dans le cadre de notre plan de préparation, après avoir identifié les groupes vulnérables, nous avons établi des plans d’évacuation d’urgence. Nous allons développer des programmes d’éducation publique et de sensibilisation en conséquence.
SUR LA RÉACTION À L’EFFONDREMENT DU CENTRE COMMERCIAL ET À L’ACCIDENT À L’AÉROPORT EN 2012 [En novembre 2012, un centre commercial de six étages s’est effondré à Accra, faisant au moins neuf morts et des dizaines de blessés. En juin 2012, un avion de fret nigérian est sorti de la piste à l’aéroport international Kotoka d’Accra et a heurté une fourgonnette et un autre véhicule, faisant dix morts.]
Dans le cas de l’accident d’avion, les forces armées britanniques, la Garde nationale des États-Unis et l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) avaient heureusement tous organisé pour nous une série d’exercices. Ainsi, nous avons pu intervenir rapidement : nous avons pris le contrôle de la situation et emmené les survivants, y compris les pilotes, à l’hôpital. L’hôpital militaire se trouve à une minute en voiture du lieu de l’accident. De ce fait, cela ne nous a pas posé de gros problèmes, parce que nous étions bien préparés. En revanche, l’effondrement du centre commercial nous a posé de nombreux problèmes. Il a mis nos procédures d’intervention standard à l’épreuve. Cela nous a permis de reprendre nos procédures d’intervention standard. Par exemple, des gens ensevelis sous les décombres ont été sauvés. Notre loi nous permet de procéder à des réquisitions auprès d’entreprises et de particuliers, entre autres. C’était notre objectif et la population a volontiers mis son équipement à notre disposition, ce qui a grandement contribué à notre réussite.
La population a souhaité faire des dons pour soutenir notre activité. J’étais ravi parce que la presse ghanéenne s’est montrée à la hauteur de la tâche. Elle a couvert nos activités à chaque minute et exposé nos points faibles, nos besoins et nos exigences au public, qui a réagi de manière très impressionnante.
SUR L’AIDE DE L’ARMÉE GHANÉENNE EN CAS DE CATASTROPHES
Nadmo est légalement tenue de coordonner toutes les organisations de ce pays qui sont en charge de la gestion des catastrophes (préparation, réduction, sauvetage, réhabilitation). Depuis de nombreuses années, nous faisons appel à l’armée pour la préparation et le soutien. Dans le passé, nous avons demandé à l’armée de l’air, dans les limites de ses problèmes et contraintes, d’utiliser des avions, qui ne sont pas du tout prévus pour cela, pour [contrôler] le niveau des inondations. J’ai moi-même souvent pris part à ces vols. Cela a été un très très grand succès. Ainsi, nous avons pu également transporter des équipements d’urgence.
Dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, nous avons été confrontés à des conflits en Sierra Leone, au Liberia, au Mali et au Niger. Dans ce cas, nous nous rendons sur place, appuyés par l’armée qui assure la sécurité, et nous recherchons les Ghanéens déplacés à l’intérieur de ces pays, et souvent aussi des étrangers. Nous avons évacué beaucoup de citoyens du Liberia avec notre ligne de transport maritime, la Black Star Line, en 1989-1990, lorsque la guerre a éclaté dans ce pays. Ensuite, nous avons ramené beaucoup d’étrangers et les avons remis à leurs ambassades qui les ont rapatriés chez eux. Les forces armées ghanéennes, la police ghanéenne, le service ghanéen de l’immigration fournissent ce genre d’aide.
SUR LE NOUVEAU CENTRE GHANÉEN DES OPÉRATIONS D’URGENCE
Vous savez, ce Centre d’opérations d’urgence est mon rêve. C’est mon rêve personnel pour le Ghana. Mon voyage au Dakota du Nord aux États-Unis d’Amérique a consolidé cette espérance, il y a quelques années. Après avoir vu comment le centre des opérations coordonne les interventions d’urgence aux États-Unis, j’ai décidé, quoi qu’il en coûte, de garantir que le gouvernement ghanéen donne son accord et c’est ce qu’il a fait. C’est ainsi que ces deux dernières années, nous avons mis en place une structure de quatre étages, NADMO ou le Centre national des opérations d’urgence. Après l’installation de la structure, l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique et la Garde nationale du Dakota du Nord nous ont aidés à renforcer les capacités avec des programmes pour nos forces armées, pour le service d’immigration et pour des organisations locales, telles que la société ghanéenne de la Croix-Rouge et les organisations du système des Nations Unies, en matière de gestion des catastrophes.
SUR LA FORMATION AU CENTRE DES OPÉRATIONS D’URGENCE
Nous avons la formation du site Web du Centre des opérations d’urgence qui explique comment gérer le site du Centre. Nous avons les forces armées ghanéennes (armée de l’air, armée de terre et marine ghanéennes). Les représentants qui ont géré le centre sont en cours de formation. Il ne s’agit pas uniquement du site Web du Centre des opérations d’urgence, mais aussi des [systèmes d’information géographique], en termes de gestion des situations d’urgence. Nous avons aussi un programme de formation pour les urgences sanitaires.
SUR LA MANIÈRE DONT NADMO DOIT AMÉLIORER SES CAPACITÉS DE GESTION DES CATASTROPHES
La première priorité est l’équipement, à savoir des vêtements de protection et l’équipement d’intervention, dont nous manquons cruellement. Je peux dire avec certitude que, grâce au programme de formation mis en place, nous conférons à notre système NADMO et à nos partenaires beaucoup d’expertise et de savoirs, ce dont nous avons besoin. Ainsi, notre capacité en ressources humaines est constituée au niveau national. Cependant, en termes d’intervention d’urgence, nos partenaires, tout comme NADMO, doivent être équipés et c’est là que nous allons avoir besoin de beaucoup d’aide.