PERSONNEL D’ADF
La Conférence au sommet des forces maritimes africaines et le Symposium des chefs de l’infanterie navale – Afrique ont réuni les leaders des marines et des gardes côtières de trente pays africains et près de douze pays partenaires pour une semaine de discussions de haut niveau. Les participants se sont concentrés sur la mise en commun des meilleures pratiques et des idées sur la façon de protéger les eaux et les zones du littoral et les eaux intérieures contre un éventail d’activités criminelles.
La conférence est l’une des plus grandes réunions de ce type. La salle de conférence à Accra (Ghana) était remplie des uniformes blancs impeccables des amiraux et des généraux de tout le continent. Les trois jours d’événements ont inclus des présentations par les experts de sécurité d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Au centre des discussions : comment faire valoir la puissance des forces armées combinées du continent contre les nombreux problèmes communs de l’environnement maritime africain.
« Les mécanismes existants de coopération internationale sont un processus qui fonctionne mais des améliorations peuvent y être apportées puisque le crime maritime existe toujours dans le golfe de Guinée », a déclaré le contre-amiral Patrick Effah, directeur des renseignements navals du Nigeria, lors de la réunion. « La capacité d’une réponse appropriée est une question qui doit être étudiée. »
Grâce à des mécanismes tels que le protocole de Yaoundé et le code de conduite de Djibouti, accords multilatéraux conçus pour combattre la piraterie, la pêche illégale et d’autres crimes maritimes, les pays africains partagent des informations sur les activités illicites dans les eaux du littoral. Toutefois, les accords peuvent être insuffisants pour transformer ces informations en actions, selon l’amiral.
Ce dernier a dit à ADF dans une interview : « Plusieurs défis sapent une performance optimale pour l’architecture de Yaoundé. Parmi ceux-ci, la question du pourvoi en personnel est cruciale. Les pays signataires sont censés envoyer des représentants au quartier général, mais cela ne se produit pas. »
Les marines et les forces du littoral confrontent un éventail de défis, notamment la pêche illégale, non signalée et non réglementée (INN), la piraterie, le terrorisme, la dégradation écologique et le trafic des stupéfiants. Ces défis franchissent les frontières internationales du continent, ce qui provoque des problèmes pour la mise en application des lois.
Les projets tels que la force opérationnelle maritime combinée du golfe de Guinée, lancée en 2023, pourraient résoudre certains problèmes de police en créant une force conjointe qui répondrait en temps opportun à travers les frontières internationales pour réprimer les crimes maritimes, déclare l’amiral. Mais pour le moment, cette force opérationnelle est un projet plutôt qu’une réalité.
Les trafiquants de drogue utilisent l’Afrique de l’Ouest comme plateforme de transit entre l’Amérique du Sud et l’Europe, ce qui provoque un défi qui exige une réponse mondiale, selon les experts. Grâce à sa campagne Orion, la Colombie a développé une capacité internationale des deux côtés de l’Atlantique pour surveiller et interdire le trafic de drogues entre les continents, selon le général de brigade colombien Alfonso Hernández.
Depuis 2018, la campagne Orion réunit 42 pays avec des voies de navigation maritimes, côtières et intérieures pour perturber le trafic de drogues. Le Sénégal et le Centre de coordination inter-régional basé à Yaoundé sont jusqu’à présent les seuls participants africains. La campagne a conduit à 4.500 arrestations et à la saisie de drogues illégales à hauteur de plus de 42 milliards de dollars, a déclaré le général Hernández à la réunion.
« La coopération est très importante, dit-il. Sans elle, nous n’aurions jamais pu identifier les auteurs de ces crimes. »
Au moins douze pays africains ont rejoint deux mécanismes internationaux conçus pour améliorer la sensibilisation au domaine maritime en effectuant le suivi des cargos pendant leur navigation. Pour les pays africains, le Centre du trafic maritime régional basé en Italie et le Réseau maritime transrégional mettent en commun des renseignements non confidentiels sur les mouvements des navires dans le golfe de Guinée, la mer Rouge et l’océan Indien oriental, trois régions avec des antécédents de piraterie et d’attaques contre les cargos.
« Savoir ce qui se passe en mer est la base, mais ce n’est pas suffisant », a déclaré au groupe le contre-amiral Massimiliano Lauretti de la Marine italienne. La coopération et l’interopérabilité jouent des rôles cruciaux dans la capacité des pays pour agir sur les informations qu’ils reçoivent, ajoute-t-il.
Les efforts multinationaux dans le golfe de Guinée ont réduit la piraterie au cours des dernières années, mais il y a toujours beaucoup à faire pour améliorer la sécurité maritime dans les eaux du littoral africain, déclare le contre-amiral Issah Yakubu, chef d’état-major de la Marine ghanéenne. Les pays doivent créer, entre autres, des cadres judiciaires pour punir les pirates, les trafiquants de drogue et autres criminels maritimes. Sans ce type d’actions, les efforts de sécurité sont gaspillés, ajoute-t-il.
« C’est une obligation nationale. Nos relevés dans ce domaine laissent beaucoup à désirer. »
À bien des égards, le Ghana est devenu un modèle pour l’avenir de la sécurité maritime en Afrique. Au cours des dernières années, le pays a ajouté vingt nouveaux navires à ses opérations navales et il construit une nouvelle base navale dans sa région de l’Ouest. Le Ghana devient un acteur crucial de la sécurité régionale, mais la collaboration reste essentielle, a déclaré le président Nana Akufo-Addo lors de son discours introductif à la réunion.
« Les crimes transnationaux menacent non seulement la paix et la sécurité. Ils coûtent aussi très cher aux économies nationales, a-t-il dit. En œuvrant ensemble et partageant nos renseignements, nous pouvons protéger notre domaine maritime Aucun pays ne peut se permettre de le faire tout seul. »