LA VOIX DE L’AMÉRIQUE
Un haut fonctionnaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déclaré que les politiques du groupe pour combattre l’extrémisme violent dans la région valent la peine d’être reproduites.
Remi Ajibewa, directeur des affaires politiques de la CEDEAO, a déclaré que les États membres échangent des renseignements et des informations pour combattre de nombreuses organisations terroristes, y compris Boko Haram, le groupe extrémiste basé au Nigeria, dont les attaques au Cameroun, au Tchad, au Niger et au Nigeria ont fait des milliers de victimes.
S’exprimant à l’occasion d’un débat d’experts sur l’extrémisme violent au siège des Nations Unies à New York, Remi Ajibewa a affirmé que le capital d’expérience de la CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme inclut la formation stratégique antiterroriste nationale et régionale parallèlement au renforcement et à la coordination des cadres juridiques dans les États membres.
Remi Ajibewa a indiqué que tous les membres de la CEDEAO ont créé des unités de renseignement financier pour contrôler les flux d’espèces et surveiller les transactions financières illicites qui financent la violence.
Ses remarques suivent de peu l’attaque d’un hôtel de Bamako, la capitale du Mali, par des terroristes en novembre 2015. Remi Ajibewa a préconisé de se pencher sur les causes profondes du terrorisme, ajoutant que le cadre juridique de prévention des conflits mis en place par la CEDEAO cherche à résoudre des problèmes qui mènent souvent à l’extrémisme violent.
« Cela inclut l’alerte précoce, la diplomatie préventive, le désarmement, la paix et le développement », a-t-il ajouté. « Cela fait également intervenir la Force en attente de la CEDEAO, l’éducation et la [promotion de la] démocratie ».
Il a expliqué que les causes profondes du terrorisme pouvaient être imputées à l’inégalité sociale et aux « ressentiments qui ont pu naître chez certains de ces individus qui ont la conviction d’avoir été marginalisés ».
« Nous disposons de ce que nous appelons le comité des chefs d’état-major [militaires] des États membres et du comité des responsables de la police ; tels sont certains des enseignements que les autres régions peuvent tirer de ces comités », a-t-il précisé. « Ils ont le partage de l’information ».
Il a également cité des enseignements spécifiques tirés par les États membres, décrivant le programme de lutte contre l’extrémisme au Nigeria comme évoluant pour répondre aux besoins du pays.
« Au Nigeria, ils ne se contentent pas de chercher des mesures palliatives », a-t-il ajouté, évoquant l’élaboration d’un programme de réintégration sociale pour les individus déradicalisés à Abuja, la capitale du pays. « Le problème de la réintégration est un autre niveau de réponse, et le Nigeria a déjà établi un centre à cet effet. Ainsi, tous les partenaires majeurs des autres pays se sont focalisés sur la perspective militaire, ne tenant pas compte des victimes, même de celles qui ont fui l’enclave terroriste ».
Remi Ajibewa a indiqué que la CEDEAO coopérait avec le bloc régional voisin, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, dans la lutte contre Boko Haram et d’autres groupes extrémistes violents.
« Leurs États membres partagent les renseignements avec la région de la CEDEAO, et pas seulement les rapports des services de renseignement ; ils communiquent également ce que nous appelons les enseignements retenus et les mettent en pratique afin que nous puissions améliorer notre action », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi nous avons le groupe de travail [multinational], qui a apporté son aide dans ce domaine ».