PERSONNEL D’ADF
Un rapport qui analyse la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali a conclu qu’elle était désavantagée dès le début par ses capacités limitées et les attentes du gouvernement malien.
Les chercheurs ont produit le rapport à la suite d’un atelier conduit le 13 juin qui avait analysé la mission et les leçons tirées sur la période de dix ans de son déploiement. L’International Peace Institute, le Stimson Center et le Security Council Report avaient organisé l’atelier.
Le rapport a conclu que le gouvernement malien « semblait donner priorité à la souveraineté et la restauration de l’autorité de l’état avant tout, en particulier avant le soutien à une transition politique ou au processus de paix dans le Nord ».
La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avait pour origine la rébellion des Touaregs en 2012, lorsque les rebelles s’étaient battus pour l’indépendance du Nord. L’année suivante, l’ONU a autorisé la mission pour assurer la conduite d’élections présidentielles équitables, protéger les civils contre la violence et promouvoir les droits de l’homme. La mission a commencé avec 6.000 soldats, chiffre qui serait finalement doublé. Elle est considérée comme l’une des plus meurtrières missions onusiennes jamais entreprises, avec 310 Casques bleus tués.
En juin 2023, le ministre des Affaires étrangères du Mali a demandé à l’ONU de mettre fin à la mission, en déclarant qu’elle avait échoué. Quelques jours plus tard, le Conseil de sécurité a annoncé qu’elle cesserait ses opérations, transférerait ses activités et retirerait son personnel au plus tard le 31 décembre 2023.
Voici les conclusions de l’atelier du mois de juin :
- Bien que le mandat de l’ONU ait été fortement exprimé, la mission n’a pas suffisamment honoré ses priorités. Ceci est devenu une source majeure de désaccord à la suite des coups d’État de 2020 et 2021 qui ont placé des chefs militaires à la tête du gouvernement.
- La mission n’avait pas d’ennemi conventionnel mais elle a été forcée de confronter la violence asymétrique alimentée par les terroristes et les criminels. La mission manquait de mandat contre le terrorisme, ce qui signifiait que « les opérations de contre-terrorisme auraient excédé ses capacités et auraient été contraires aux principes fondamentaux du maintien de la paix ». Le rapport déclare que les civils n’ont jamais compris ces limites, ce qui laissa les Maliens frustrés et le pays vulnérable aux campagnes de désinformation.
- Le mandat de la mission s’est élargi considérablement au cours des ans, mais « avec l’évolution du panorama politique et sécuritaire » l’ONU n’a pas soutenu le rôle élargi de la mission. Lorsque le mandat a été étendu pour inclure la région centrale du pays, l’ONU a manqué d’affecter des ressources supplémentaires.
- Le manque de coopération des autorités maliennes a sapé la capacité de la mission pour s’acquitter de son mandat. Le Mali ne s’est pas conformé à certaines dispositions d’un accord d’état des forces, ce qui a limité la capacité de conduire des patrouilles conjointes. « La MINUSMA a aussi fait face à des restrictions concernant sa liberté de mouvement aérienne et terrestre ; ceci a impacté sa capacité de mener à bien son mandat de protection des civils », selon le rapport.
- Le Mali a limité l’emploi des drones, ce qui a menacé la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU, en particulier sur les routes d’approvisionnement. La mission a été forcée d’utiliser une quantité excessive de ressources pour protéger ses convois, ce qui a laissé des ressources insuffisantes pour protéger les civils.
- Puisque la MINUSMA a positionné la majorité de ses gardiens de la paix dans les villes, les groupes armés se sont propagés dans les campagnes, « en créant des lacunes de protection et forçant les civils à chercher d’autres formes de protection ». Ceci a conduit à la formation de milices d’autodéfense, y compris celles créées selon les clivages ethniques, ce qui a parfois empiré la situation.