REPORTAGE ET PHOTOS PAR REUTERS
Désiré Koffi marche souvent dans Koumassi, district de la classe ouvrière d’Abidjan (Côte d’Ivoire), pour acheter de vieux téléphones portables à un coût de 500 francs CFA (0,87 dollar) les deux.
Lorsqu’il rentre chez lui, cet artiste de 24 ans fracasse les téléphones à coups de marteau et en retire les écrans et les claviers. Il les utilise pour ses peintures, dont l’exécution peut prendre entre trois et cinq jours.
M. Koffi a passé son enfance à Koumassi et déclare qu’il a été attiré par le recyclage et l’utilisation des déchets électroniques dans ses peintures après avoir vu comment les déchets affectaient son environnement.
« Mon objectif numéro un est d’essayer, avec mes modestes moyens, de réduire les déchets électroniques que l’on trouve dans les rues et dans les poubelles, déclare-t-il. Nous sommes ici dans l’un des quartiers les plus populaires de la ville, où on trouve en général de vieux téléphones qui ne peuvent plus être réparés. »
Avec une population de 5,5 millions, Abidjan accumule jusqu’à 1.500 tonnes de déchets électroniques par an, selon E-waste Implementation Toolkit [Boîte à outils de mise en œuvre des déchets électroniques]. M. Koffi déclare qu’une grande partie de ces déchets peuvent être utilisés pour gagner de l’argent.
Ayant participé à plusieurs expositions à l’étranger et dans son pays, M. Koffi est rapidement en train de devenir l’une des plus importantes personnalités de Côte d’Ivoire en art contemporain.
« Je pense que son travail est excellent. Il a décidé de faire du recyclage, et cela lui va très bien parce que son travail se distingue de tous les autres », déclare Ézéchiel Guibe, un autre artiste ivoirien.
« Bien qu’il intègre du matériel recyclé dans ses œuvres, il réussit à capturer toutes ces formes, ces visages et ces émotions dans son travail, ce qui nous a vraiment émerveillé », déclare Olivier Pépé, directeur d’une galerie d’art.