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La suspension des hostilités entre l’Érythrée et l’Éthiopie est plus qu’un événement politique capital pour l’Afrique de l’Est. Pour beaucoup de personnes des deux côtés de la frontière longtemps contestée, c’est un moment d’allégresse, de réunion et d’apaisement.
Eritrean Airlines a commencé des vols réguliers vers Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, le 4 août 2018, étape précoce dans l’amélioration des relations entre les deux pays après une longue période d’hostilités.
Les médias éthiopiens confirment qu’un avion amenant les ministres des Transports et du Tourisme d’Érythrée et d’autres officiels a atterri à l’aéroport international de Bole à Addis-Abeba. Il s’agissait de la première fois en deux décennies qu’un tel vol avait lieu.
« Dès son arrivée à Bole, le ministre d’État éthiopien pour les Affaires étrangères Hirut Zemene et d’autres hauts responsables éthiopiens ont accueilli la délégation », selon un rapport de Fana Broadcasting Corp.
En juillet 2018, un avion d’Ethiopian Airways effectue le premier vol commercial depuis 20 ans entre l’Éthiopie et Asmara, la capitale de l’Erythrée.
Le dégel des relations est une bénédiction pour les familles séparées par la frontière. Addisalem Hadgu, âgé de 58 ans, embrassa joyeusement ses deux filles Asmera et Danayt après les avoir retrouvées pour la première fois en 18 ans lorsque le vol d’Ethiopian Airlines atterrit à l’aéroport international d’Asmara.
« Ce furent des années d’obscurité. La séparation et le désir étaient impensables. Imaginez quelqu’un qui vient de gagner à la loterie. C’est ce que je ressens maintenant », déclare M. Addisalem à l’Independent du Royaume-Uni. « Ce n’était pas nécessaire. J’ai perdu ma famille à cause de ça. Nous avons tous combattu d’une façon ou d’une autre. »
Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a offert en juin 2018 de faire la paix avec l’Érythrée deux décennies après le début d’un conflit qui a fait 80.000 victimes, selon les estimations.
Lorsque les deux pays sont entrés en guerre en 1998, ils ont tous les deux déportés les ressortissants de l’autre pays. Les familles comme celle de M. Addisalem ont été séparées. En 2000, sa femme et ses deux filles ont disparu, selon un rapport de l’Independent. Une lettre écrite par sa femme indique qu’elle avait pu être victime d’un sursaut de nationalisme, ce qui était fréquent parmi les habitants des deux côtés du conflit.
Depuis la signature d’un accord à Asmara le 9 juillet 2018 pour rétablir les relations, les leaders érythréens et éthiopiens se sont empressés de mettre fin aux hostilités. M. Abiy et le président érythréen Isaias Afwerki ont déjà échangé des visites dans leur pays respectif.