PERSONNEL D’ADF
Seize mois après la défaite des rebelles par le gouvernement éthiopiens dans la région du Tigré au Nord du pays, avec l’aide de l’Érythrée, des soldats des Forces de défense de l’Érythrée qui sont restés dans la région enlèvent les fermiers et volent le bétail, selon des rapports.
Les forces érythréennes étaient venues pour aider le gouvernement éthiopien dans sa lutte contre le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT), lequel souhaitait renverser les gouvernements de l’Éthiopie et de l’Érythrée.
Les résidents du Tigré ont accusé les forces érythréennes de commettre des abus et des crimes de guerre. À Adwa, les soldats érythréens ont tué plus de 300 personnes, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ils ont endommagé ou détruit près de 70 bâtiments avant la mise en place du cessez-le-feu de novembre 2022.
Le cessez-le-feu a brièvement partitionné le Tigré entre le gouvernement éthiopien, le FLPT, les forces amhara et les forces érythréennes. Il a aussi demandé à l’Érythrée de se retirer du Tigré. Toutefois, l’Érythrée n’a pas signé le cessez-le-feu. Des témoins signalent que certaines de ses forces ont quitté la région à la fin 2022 mais que d’autres y sont restées.
Plusieurs mois plus tard, les résidents du Tigré déclarent que les soldats érythréens se trouvent toujours dans la région ; ils commettent des abus contre les citoyens éthiopiens et des actes de guerre, notamment l’exécution des hommes lorsqu’ils font du porte-à-porte pour fouiller les maisons.
Aujourd’hui, seize mois après la signature du cessez-le-feu, les contingents érythréens restent dans plusieurs districts du Tigré le long de la frontière érythréenne. Dans ces districts, les témoins signalent que les soldats érythréens enlèvent les fermiers et volent le bétail.
Lors d’un incident en janvier, huit éleveurs ont été enlevés avec leurs ânes et leurs chameaux. Dans un autre incident, six personnes ont été enlevées avec 56 animaux d’élevage. Dans un troisième, les troupes érythréennes ont volé 100 animaux.
Yemane Gebremeskel, ministre érythréen de l’Information, a nié les accusations d’enlèvement et de vol de bétail. Il a déclaré à l’Associated Press que ces rapports étaient faux.
Le rapport publié par l’Ethiopia Health Cluster note que plusieurs régions de deux districts frontaliers sont « complètement occupées ou soumises aux patrouilles » des troupes érythréennes. Ces patrouilles signifient que les personnes déplacées ne peuvent pas rentrer chez elles et cultiver leurs terres.
Le rapport déclare que l’armée éthiopienne est absente et ne protège pas les citoyens.
L’Éthiopie et l’Érythrée ont mené une guerre frontalière de 1998 à 2000, lorsque le FLPT contrôlait le gouvernement éthiopien. Certaines régions qui sont toujours sous le contrôle de l’Érythrée étaient des zones militaires stratégiques contestées que l’Érythrée avait revendiquées pendant la guerre de 1998 à 2000, selon le journal Éthiopien The Reporter.
Le régime érythréen considère depuis longtemps que le FLPT est un ennemi, selon Michela Wrong, journaliste britannique et auteure d’un livre sur l’Érythrée. Le FLPT et le Front populaire de libération de l’Érythrée, qui ont combattu pour se séparer de l’Éthiopie, ont des relations tendues depuis les années soixante-dix.
« Le président de l’Érythrée considère ce conflit comme un jeu à somme nulle. Son but est d’éliminer le FLPT une fois pour toutes », a écrit le chercheur Mohamed Kheir Omer dans Foreign Policy peu après le début du cessez-le-feu.