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L’artisan somalien Muse Mohamud Olosow examine avec soin un énorme amas d’os de chameau jetés par un abattoir de Mogadiscio et sélectionne les pièces qu’il sculptera pour créer des bijoux et des chapelets ornés utilisés par les Musulmans pour réciter des prières,
À sa connaissance, il est l’un de quatre artisans seulement qui travaillent avec les os de chameau, dans un pays de 16 millions d’habitants. Il dit qu’en 1978, pendant l’une des nombreuses périodes de guerre et d’instabilité de Somalie, des tireurs ont tué des douzaines d’artisans à Mogadiscio et dans une autre municipalité.
Pendant des années, il a sculpté ses os en secret chez lui, puis il les amenait aux marchés pour les vendre discrètement.
M. Olosow, qui a des mains fortes et des bras musclés qui présentent des cals à cause de son travail, dit que c’est son père qui lui a enseigné le métier en 1976.
Il prévoit d’assurer que cette tradition vieille de plusieurs décennies ne disparaisse pas avec lui.
Depuis son atelier dans la capitale somalienne, il déclare : « Mes gosses hériteront de moi ces aptitudes que j’ai héritées de mon père. Je ne veux pas que ces aptitudes disparaissent. »
Ses clients sont pour la plupart des officiels de l’état ou des Somaliens riches qui vivent à l’étranger. Un seul chapelet méticuleusement sculpté peut coûter environ 50 dollars, dans un pays où 7 personnes sur 10 vivent avec moins de 2 dollars par jour.
Un client qui s’est rendu dans son atelier déclare que le travail justifie le prix. « Ce qui est important, c’est la qualité, pas le prix. Je préfère celui-ci aux chapelets importés des autres pays comme la Chine. »
Pour M. Olosow et sa famille, la sculpture des os est leur source principale de revenu depuis des décennies. Ils ont investi près de 5.000 dollars pour importer des machines italiennes afin de ciseler et percer ces os durs, dit-il, ce qui est plus rapide et permet de travailler « sans ecchymoses ».
« Notre plan consiste à exporter ces articles dans d’autres pays. Nous continuerons cet artisanat jusqu’à ce que nous devenions riches, si Dieu le veut ! »