Personnel de l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique
Affaibli mais dangereux. C’est la situation actuelle du groupe extrémiste al-Shebab. Alors que le groupe contrôlait jadis plus de la moitié du territoire somalien, représentant une population d’environ 5 millions de personnes, il ne tient plus que 10 pour cent du pays aujourd’hui, et par le biais de membres qui sont désormais en fuite.
La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les Forces armées nationales somaliennes ont mené bien des combats au prix de nombreux sacrifices pour repousser le groupe de ses places fortes. Les principaux sites qui permettaient à al-Shebab de gagner de l’argent, notamment le port de Kismaayo et le marché de Bakaara à Mogadiscio, sont à nouveau sous le contrôle du gouvernement. La vie dans la capitale est redevenue normale jusqu’à un certain point.
Ce n’est certes pas le moment de baisser la garde face à cette menace. Au fur et à mesure qu’al-Shebab renonce à maintenir le contrôle sur les territoires, le groupe a désormais recours à des attaques asymétriques contre des cibles vulnérables et extorque de l’argent en établissant des barrages routiers et en menaçant les voyageurs. En outre, d’autres groupes extrémistes cherchent à profiter de tout vide laissé par al-Shebab. L’EI. tente de prendre pied dans le pays. Les forces de l’AMISOM reconnaissent qu’il est essentiel non seulement de libérer le territoire mais aussi de le sécuriser par le biais d’une présence militaire cohérente.
Le démantèlement d’al-Shebab nécessitera un effort multidimensionnel qui devra inclure les forces armées somaliennes, les partenaires internationaux, le gouvernement démocratiquement élu, les groupes de la société civile, les chefs traditionnels et d’autres encore. La reconstruction des Forces armées nationales somaliennes est une priorité absolue. Le pays estime qu’une force armée professionnelle d’environ 28.000 soldats est nécessaire, et que ceux-ci doivent être bien entraînés pour établir à nouveau un rapport de confiance avec la population. La Somalie et ses partenaires internationaux doivent aussi éliminer le soutien financier d’al-Shebab en bloquant l’accès aux profits que le groupe tire de la contrebande du charbon, du sucre et du khat. Enfin, les chefs civils et religieux de la Somalie doivent s’efforcer d’opposer l’idéologie toxique qui a infecté l’esprit des militants radicaux d’al-Shebab. Une partie de ces efforts doit être axée sur la réhabilitation et la réintégration des anciens combattants d’al-Shebab qui acceptent de renoncer à la violence.
C’est une lourde tâche, mais la Somalie enregistre déjà les premières récompenses de la paix. Après plus de 20 années de guerre, le panorama urbain de Mogadiscio est aujourd’hui parsemé de chantiers de construction, attestant du véritable boom immobilier en cours. L’optimisme est partout. La population somalienne, lasse de la guerre, voit désormais le potentiel et la promesse de la paix : il incombe aux forces de sécurité et aux dirigeants élus du pays, ainsi qu’à leurs partenaires internationaux, d’en faire une réalité.
— Personnel de l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique