PERSONNEL D’ADF
L’application des lois sur les crimes maritimes dans les eaux côtières d’Afrique nécessite plus que la simple interception des navires suspects et l’arrestation des trafiquants potentiels. Elle exige de faire soigneusement attention à la collecte des preuves qui pourront être utilisées plus tard pour traduire ces criminels en justice. Ce sont des aptitudes que les marins ne possèdent pas, en général.
Obangame Express 24 a cherché à combler ce manque d’aptitude dans le cadre de son programme d’ensemble visant à bâtir une collaboration entre les pays qui se conforment au Code de conduite de Yaoundé. Le code, lancé en 2013, joue un rôle de plus en plus important dans le maintien de la connaissance situationnelle et la lutte contre la criminalité maritime dans le golfe de Guinée, l’un des points les plus sensibles du monde pour la piraterie, la pêche illégale, le trafic des stupéfiants et autres activités illégales.
Du 6 au 17 mai, Obangame Express 24 a encouragé 13 pays du golfe à travailler ensemble pour répondre aux activités criminelles au large de leurs côtes. En plus des exercices en mer près du littoral du Gabon, Obangame a inclus une formation sur les premiers secours, la sécurisation des pièces et la collecte des preuves.
Pour la première fois, le programme a aussi inclus la formation des participants sur les démarches à suivre pour traduire les criminels maritimes en justice.
« Grâce à plusieurs jours de formation et un procès simulé, … nous avons démontré que la collaboration internationale et régionale des divers partenaires fournit des résultats pour assurer un espace maritime sécurisé dans le golfe de Guinée », déclare Aliou Sall, responsable de la prévention des crimes et la justice criminelle du Programme global du crime maritime pour l’Afrique centrale à l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Ce que les experts appellent « l’aboutissement juridique » des cas de criminalité maritime est devenu crucial pour réprimer les comportements illégaux dans le golfe. Très souvent, les forces de sécurité perturbent le trafic de drogue mais les suspects sont libérés parce que le pays où ils avaient été arrêtés n’a pas de structure juridique pour intenter des poursuites.
Cette lacune entre les arrestations et les condamnations était un sujet populaire des autorités maritimes africaines pendant la Conférence au sommet des forces maritimes africaines/symposium de leadership de l’infanterie navale-Afrique au Ghana en début mai. Les chefs de la sécurité maritime de la conférence ont déclaré que, dans le cadre du Code de conduite de Yaoundé, les pays doivent s’assurer que leurs lois satisfont aux besoins des problèmes modernes et s’alignent pour créer un front unifié contre les criminels qui profitent du système, en s’enfuyant souvent vers les pays sans cadre juridique pour les traduire en justice.
« Procéder à une arrestation est une chose. Intenter des poursuites est quelque chose d’autre », a déclaré le commodore Jibril Umar Abdullahi de la Marine nigériane à ADF pendant la conférence.
Le Nigeria par exemple est l’un des rares pays du golfe de Guinée munis de lois anti-piraterie.
Les experts juridiques de toute la région du golfe, depuis l’Angola au Sud jusqu’au Sénégal à l’Ouest, ont participé à Obangame Express. L’exercice a fourni aux participants une formation en techniques forensiques pour gérer les scènes de crime.
« Ce sont les premières personnes en mer qui prendront des mesures pendant une enquête », déclare l’officier de renseignements criminels Ludovic Payet de la direction de la sécurité maritime régionale d’Interpol. « S’ils n’utilisent pas d’équipement de protection personnelle, ils pourraient contaminer la scène du crime. Nous leur enseignons les principes de base pour pouvoir obtenir des preuves policières solides. »
Le dernier jour du programme, les participants sont montés à bord des navires et des embarcations de petite taille de la Marine du Ghana pour mettre en pratique tout ce qu’ils avaient appris, notamment les techniques d’abordage et la gestion des bateaux de petite taille. Les forces armées ont travaillé ensemble, parfois en communiquant avec des signaux manuels en cas de barrière linguistique.
Sall a déclaré que les leçons tirées d’Obangame Express s’avéreront précieuses dans les opérations quotidiennes, en particulier lorsque les pays développent de meilleurs moyens de coopération.
« Nous devons continuer à trouver des points communs dans ce domaine et continuer à améliorer nos procédures, non seulement au sein de chaque pays mais aussi à travers les frontières nationales et zonales. Ces menaces maritimes ne sont pas reléguées à une seule nation. En œuvrant ensemble sur les poursuites judiciaires maritimes, nous assurons donc que les acteurs engagés dans des activités illégales ne trouvent pas de lieu sûr dans les eaux [du golfe de Guinée] où ils pourraient se cacher. »