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Michael Tetteh, seul souffleur de verre professionnel du Ghana, serre les dents lorsqu’il saisit une boule brûlante de verre fondu, les mains nues, brûlées et boursouflées, adossées à la pile fumante de journaux humides qu’il utilise pour les protéger.
Cet homme de 44 ans travaille dans la chaleur des fours de ferraille brûlant à près de 1.500 degrés Celsius et bourrés de vitres fondues, d’écrans de télé et de bouteilles de soda qu’il transformera bientôt en vases sophistiqués tournoyant avec une couleur psychédélique. Certains deviennent des vases rouges avec des stries noires, d’autres seront des pichets verts, d’autres encore des bouteilles transparentes de chaque jour.
L’utilisation stricte de matériaux recyclés qu’il recueille dans les parcs à ferrailles et les décharges d’Accra, la capitale, fait partie de sa mission pour réduire les déchets et les importations de verre du Ghana. Il envisage un Ghana sans verre importé, un Ghana qui aura transformé sa tradition de fabrication de billes de verre en industrie moderne multidimensionnelle.
Le Ghana importe des produits en verre et en céramique d’une valeur d’environ 300 millions de dollars par an. Bien que certaines sociétés privées recyclent le verre, M. Tetteh déclare que la majorité des déchets de verre au Ghana aboutit dans les décharges ou est dispersée dans les rues du pays, en devenant un risque de sécurité.
Il a découvert le soufflage du verre en 2012 après avoir passé plusieurs mois en France et aux Pays-Bas pour apprendre la méthode en compagnie d’autres fabricants de perles du Ghana.
Il était seul à souhaiter continuer lorsqu’il est rentré dans son pays et il s’est fixé le but de créer un véritable atelier de verre soufflé à Odumase-Krobo. Sans être découragé par le manque d’argent, il a construit des fours à partir de ferraille et d’argile en suivant des leçons en ligne. Il a affiné ses capacités en regardant sur YouTube des vidéos d’artistes célèbres du verre tels que l’Américain Dale Chihuly.
Depuis lors, il a embauché plusieurs jeunes assistants à Odumase-Krobo. Il les forme et espère qu’un jour ils auront leur propre atelier. Leurs œuvres peuvent être trouvées dans les boutiques du Ghana et de la Côte d’Ivoire, et elles ont été présentées dans des galeries d’art d’Europe et des États-Unis.