LA VOIX DE L’AMÉRIQUE
Confidence avait juste 14 ans lorsque sa tante l’a mariée à un homme de 42 ans. La jeune Zimbabwéenne, maintenant âgée de 22 ans, dit que l’expérience l’a anéantie. Son mari était violent, comme l’étaient ses autres épouses.
« Après deux ans de mariage, la vie était si difficile pour moi que j’ai essayé de me donner la mort en avalant de la mort-aux-rats », a-t-elle confié aux chercheurs de Human Rights Watch. Les témoignages de plusieurs filles ont été publiés par ce groupe aux fins de mettre ce problème en exergue, cela sans mentionner leurs noms de famille.
« Mon mariage précoce a ruiné ma vie », a affirmé Confidence. « À présent, je ne travaille pas et je ne peux pas trouver un emploi parce que j’ai arrêté d’aller à l’école ».
Ce sont des récits de ce type qui ont incité l’Union africaine à organiser un sommet en Zambie fin 2015 dans l’espoir de mettre fin au mariage d’enfants. L’assemblée s’est engagée à fixer à 18 ans l’âge légal minimum pour le mariage sur l’ensemble du continent.
Cette rencontre va de pair avec un nouveau rapport des Nations Unies qui a révélé une statistique choquante : si les tendances actuelles se poursuivent et que la population de l’Afrique continue à croître au taux prévu, le nombre des filles mariées pendant leur enfance en Afrique pourrait plus que doubler dans les 35 prochaines années, pour atteindre 310 millions.
À moins que les choses n’évoluent, d’ici à 2050 près de la moitié des filles mariées du monde entier seront en Afrique. La majorité des 23 millions de filles mariées de l’Afrique se trouve au Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, où l’âge minimum du mariage est pourtant de 18 ans.
Le mariage avant l’âge de 18 ans est en réalité illégal dans la plupart des pays africains, bien que certains pays permettent à des adolescents de se marier avec le consentement parental. Toutefois, cela n’a pas empêché que plus de 125 millions de filles mariées avant cet âge, à l’occasion d’unions traditionnelles ou coutumières, soient privées de leur enfance. La plupart des enfants affectés sont des filles. Les garçons sont également victimes de mariages précoces, mais cela est beaucoup plus rare.
La présidente de l’UA, Nkosazana Dlamini Zuma, a déclaré que cette situation est largement attribuable aux normes culturelles qui sous-estiment les filles et les femmes.