PERSONNEL D’ADF
Mairame Ba a rejoint un groupe unique de femmes en 2022 lorsqu’elle a reçu le diplôme d’un cours de formation de six mois pour devenir l’une des premières « Solar Mamas » du Sénégal.
Ce cours, organisé par l’organisation indienne Barefoot College International, vise à former les femmes des villages d’Afrique pour qu’elles deviennent expertes dans la construction et la maintenance des systèmes d’énergie solaire dans leur communauté.
« Je n’ai jamais imaginé que je pourrais devenir une professionnelle de l’énergie solaire à mon âge, alors que je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école », déclare Mme Ba, âgée de 59 ans, au Wall Street Journal après avoir reçu son diplôme en 2022.
Le programme des Solar Mamas est un exemple de la relation de longue date entre l’Inde et les pays africains, pour aider à la fois l’Inde et ses partenaires africains à se développer conjointement « sur un pied d’égalité », selon les responsables indiens. Le gouvernement de l’Inde offre le programme des Solar Mamas à 36 pays africains et 733 millions de personnes qui vivent sans accès fiable à l’électricité.
L’Inde est le troisième partenaire commercial de l’Afrique et ses échanges commerciaux avec les pays africains a augmenté de 18 % par an au cours des 20 dernières années. Ils ont atteint 103 milliards de dollars en 2023.
L’Inde et la Chine ont suivi des approches tout à fait différentes à l’égard de l’Afrique. Grâce à son initiative de la Nouvelle Route de la soie, la Chine a passé plus de dix ans à prêter des milliards de dollars aux pays africains. Certains de ces pays ont aujourd’hui des difficultés pour rembourser leur dette. D’un autre côté, l’Inde a offert des investissements à hauteur de 70 milliards de dollars par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement (BAD) pour financer les projets publics sur le continent.
En septembre 2023, un groupe de sociétés indiennes s’est engagé à investir 14 milliards de dollars dans une variété de secteur, depuis les aciéries jusqu’à l’énergie renouvelable. La Confédération de l’industrie indienne souhaite accroître l’empreinte économique de l’Inde en Afrique à hauteur de 150 milliards de dollars en 2030.
L’Exim Bank de l’Inde affecte à l’Afrique la moitié de son financement international, son aide technique et son commerce. Le Réseau électronique panafricain, plus grand projet numérique d’Afrique, connecte les pays africains à l’Inde et les connecte entre eux pour partager les connaissances dans les soins de santé, l’identification des ressources, les télécommunications et plus encore.
Les soldats indiens et africains participent aussi à des exercices militaires conjoints tels qu’AFINDEX 2023, qui a réuni 124 participants provenant de 25 pays africains pour développer des liens avec les forces indiennes.
« L’Inde et les pays africains ont entrepris un long parcours depuis les jours de la lutte commune contre le colonialisme pour former un partenariat évolutif et multidimensionnel au 21ème siècle dans le cadre d’une coopération Sud-Sud », déclare le législateur indien Abhishek Mishra à l’Institut Manohar Parrikar pour les études et les analyses de la défense.
Les 10 principes indiens de Kampala, que le Premier ministre indien Narendra Modi a présentés en 2018 devant le Parlement ougandais, demandent que l’Afrique deviennent une première priorité pour les investissements économiques et diplomatiques de l’Inde.
« Les antécédents uniques de l’Inde en Afrique offrent une texture à ses engagements stratégiques », déclare l’entrepreneur et investisseur indo-kényan Aly-Khan Satchu au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA).
Satchu est l’un des 3 millions d’Africains d’origine indienne, dont beaucoup sont situés en Afrique de l’Est, en Afrique australe et au Ghana. Beaucoup d’entre eux ont des racines vieilles de plusieurs siècles dans ces pays et se considèrent Africains, tout en conservant toujours des liens familiaux et commerciaux étroits avec l’Inde. Les citoyens indo-africains du continent jouent des rôles essentiels dans les systèmes africains d’éducation et de soins de santé, ainsi qu’en politique et dans les forces armées.
« Ils ont souvent été des interlocuteurs clés pour les entreprises indiennes souhaitant faire des affaires sur le continent et pour faciliter les investissements indiens », déclare Barnaby Dye, maître de conférences en politique de développement à l’université d’York, sur le site web FDI Intelligence spécialisé dans les investissements directs des pays étrangers.
« Les entrepreneurs ayant des contacts avec l’Inde ont été capables d’inviter, et d’offrir leurs services à, des sociétés indiennes souhaitant croître sur le continent », ajoute le Dr Dye.
Ces connexions ont aidé l’Inde à bâtir des relations avec les pays africains qui sont très différentes de la relation essentiellement transactionnelle qu’ils ont avec la Chine, rivale de l’Inde.
Veda Vaidyanathan déclare au CESA : « Nos collègues africains nous disent que l’Inde n’agit pas et ne parle pas comme un pays donateur. Elle se concentre sur la création d’un espace pour travailler conjointement sur un pied d’égalité, en permettant au côté africain d’exercer son entreprise et son leadership alors que l’Inde facilite les choses. »