PERSONNEL D’ADF
À première vue, Diamville SAU est une société centrafricaine engagée dans le commerce des diamants. Mais Diamville est plus que ça : c’est une société de façade pour une opération russe qui vend des diamants provenant de la République centrafricaine pour financer l’invasion russe qui se poursuit en Ukraine.
Diamville est active en République centrafricaine (RCA) sous couvert de l’Africa Corps russe, groupe mercenaire appelé antérieurement le groupe Wagner. L’extraction des diamants fait partie de la stratégie russe visant à extraire les ressources précieuses des pays africains, souvent en échange d’aide militaire par l’intermédiaire de l’Africa Corps.
Diamville a saisi le contrôle de l’industrie des diamants de la RCA en employant les tactiques mafieuses que les forces russes avaient utilisées ailleurs dans le pays : les marchands locaux vendent seulement à Diamville ou font face à des représailles.
Le processus d’extraction utilise typiquement des mineurs travaillant manuellement dans des conditions oppressives et des mines ouvertes pour chercher des diamants bruts qu’ils peuvent vendre à Diamville. À son tour, celle-ci les offre sur le marché international.
Le travail des mineurs artisanaux est épuisant et dangereux. Les effondrements de tunnel sont fréquents et les gens meurent ou sont amputés d’un membre. Les enfants aussi jeunes que 12 ans se rendent dans les mines plutôt que d’aller à l’école pour aider leur famille à gagner de l’argent pour vivre. Les mines à ciel ouvert dépouillent le paysage du fait de la déforestation et polluent les sources locales d’eau à cause du ruissellement. Les règles environnementales, telles qu’une zone tampon de 61 mètres le long des rivières, sont habituellement ignorées, selon les groupes de défense de l’environnement.
La journaliste Adama Bria a récemment écrit pour Corbeau News de Centrafrique : « La productivité et la rentabilité ont priorité sur les conditions de travail. » Elle ajoute que les mineurs signalent que les superviseurs russes les battent, les frappent et les menacent ; ils sont particulièrement durs avec les enfants.
Faustin-Archange Touadéra, président de la RCA, a invité le groupe Wagner dans son pays en 2018 pour aider à réprimer une rébellion dans l’Est. La Wagner et son entreprise minière associée, Lobaye Invest, ont rapidement commencé à consolider le contrôle des opérations minières dans le pays pour financer leurs opérations tout en blanchissant aussi les diamants et l’or au nom du président Vladimir Poutine de Russie. Alrosa, autre société russe de diamants, a aussi rejoint le projet de la RCA
Les diamants de RCA ont une qualité supérieure mais la rébellion de longue date dans la région Est du pays a provoqué l’interdiction de ces diamants sur le marché international en vertu du processus de Kimberley, série de règles conçues pour interdire les diamants de conflit ou « diamants de sang », dont la vente finance les combattants. Les diamants de l’Ouest de la RCA, où Diamville est active, peuvent être vendus sur le marché international en vertu du processus de Kimberley.
Les diamants de Diamville, produits par les mines russes où les mineurs africains signalent des abus des droits de l’homme, glissent à travers le processus de Kimberley, selon Amnesty International. Les critiques déclarent que les Russes profitent d’un vide juridique parce que leurs diamants ne sont pas liés directement à la rébellion, bien qu’ils financent l’invasion de l’Ukraine. En outre, il suffit aux diamants qui pourraient enfreindre Kimberley d’être passés en contrebande à travers la frontière poreuse de la République démocratique du Congo pour être rebaptisés diamants congolais à l’abri des restrictions de Kimberley.
Les tentatives internationales pour interdire les diamants russes en vertu du processus de Kimberley n’ont pas donné suite. En novembre 2023, la Russie a bloqué une tentative de révision des règles de Kimberley sur les « diamants de sang » avec l’aide de la RCA, de la Biélorussie et du Kirghizistan.
Les observateurs déclarent que le processus de Kimberley doit prendre en considération les diamants dont la production finance les conflits internationaux plus vastes.
« L’extraction des diamants pour financer les conflits internationaux doit aussi faire partie de cette définition, car cela représente une menace considérable contre la stabilité et la sécurité mondiale », a récemment écrit le journaliste Alvin Aboudou dans The South African.