PERSONNEL D’ADF
Au Tchad, la famine atteint généralement son point culminant entre juin et août, pendant la saison maigre entre les récoltes, mais cette année semble être bien pire à cause d’un afflux majeur de bouches à nourrir.
Plus de 700.000 réfugiés soudanais sont arrivés au Tchad depuis le déclenchement du conflit dans le Soudan voisin en 2023. Ils s’ajoutent aux 600.000 qui s’étaient enfuis au Tchad, provenant surtout de la région du Darfour qui est sujette à des conflits ethniques et politiques violents depuis plus de vingt ans.
Abdelmadjid Abderahim, ministre tchadien de la Santé publique, a annoncé récemment le lancement du plan national de réponse d’urgence du pays dans huit provinces pour satisfaire aux besoins alimentaires immédiats d’un millions de personnes parmi les plus vulnérables.
Il a demandé secours auprès des partenaires internationaux. Son pays a déclaré qu’il était en proie à une crise humanitaire grave affectant plus de 2,5 millions de civils.
Il a dit sur la chaîne de télévision d’état le 15 juillet : « Notre pays fait face à une insécurité alimentaire sans précédent, exacerbée par de multiples crises, notamment un afflux massif de réfugiés. La réponse à grande échelle lancée aujourd’hui par le gouvernement avec un financement de la Banque mondiale, la Commission européenne, le peuple du Japon et l’USAID permettra au PAM [Programme alimentaire mondial] de distribuer une assistance vitale à nos citoyens ayant des besoins urgents. »
Le Tchad héberge aussi des dizaines de milliers de civils qui ont fui la violence entre les rebelles et les soldats du gouvernement en République centrafricaine. Il a aussi ses propres problèmes avec les personnes déplacées : plusieurs centaines de milliers ont fui les groupes extrémistes violents Boko Haram et la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique dans la région du lac Tchad.
Précédemment en juillet, le PAM, la Banque mondiale, la Commission européenne et le Japon avaient annoncé des contributions pour aider le Tchad à distribuer la nourriture, les semences et les transferts d’argent aux familles les plus exposées à la famine.
Ces pays et organisations ont déclaré que leur programme de réponse d’urgence ciblerait les provinces les plus affectées : Ennedi Est, Wadi Fara, Ouaddaï, Sila, Logone-Oriental, Lac, Kanem et Bahr el Gazel à la frontière soudanaise.
Les installations, les services, l’approvisionnement et la patience s’épuisent dans les camps de réfugiés surpeuplés de l’Est du Tchad, ce qui aggrave une crise humanitaire désastreuse provoquée par la contagion de la guerre du Soudan. Le journaliste Ahmed Idris, entouré de tentes blanches à perte de vue dressées par les organisations de secours, présente ses reportages depuis la ville d’Adré, à seulement quelques centaines de mètres de la frontière entre le Tchad et le Soudan.
Ce correspondant d’Al Jazeera a déclaré dans une vidéo du 25 juillet : « À mesure que le nombre de réfugiés augmente, les tensions montent entre eux et les communautés hôtes concernant la carence des ressources. La concurrence pour la nourriture et l’eau a fait grimper les prix des articles au-delà de la portée de la plupart des gens ici, ce qui force les Tchadiens, dont beaucoup dépendaient de l’assistance alimentaire, à avoir recours aux donations. »
Les nécessités de base telles que la nourriture, l’eau et les articles sanitaires sont rares.
Blaise Bokundi, représentant régional de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, déclare à Al Jazeera : « Nous manquons de ressources pour continuer à fournir une assistance vitale aux réfugiés afin de les transférer dans d’autres régions où ils pourront rebâtir leur vie. »
Le PAM dit que le Tchad est sujet à une cinquième année consécutive d’insécurité alimentaire grave, et prévoit que 3,4 millions de personnes ne seront pas capables de satisfaire à leurs nécessités de base pendant la saison maigre.
Koffi Akakpo, représentant par intérim du PAM au Tchad, a déclaré le 10 juillet : « Nos équipes sont sur le terrain et font tout leur possible pour satisfaire aux nécessités immédiates de ceux qui sont les plus touchés par cette crise. Pour atténuer l’impact futur des crises récurrentes, qui sont de plus en plus graves, le PAM fait appel à des investissements substantiels dans les solutions durables qui renforcent la sécurité alimentaire à long terme, améliorent la productivité agricole, soutiennent la résilience face aux chocs climatiques et renforcent le pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables. »