PERSONNEL D’ADF
De la Mauritanie au Bénin, les tactiques de pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) des chalutiers attirent l’attention. Les vaisseaux naviguent dans les eaux d’Afrique de l’Ouest, battent des pavillons de complaisance et utilisent la ruse pour ramasser d’énormes prises qui déciment les écosystèmes locaux.
Les vaisseaux chinois sont parmi les pires contrevenants et ont récemment été l’objet de controverse au Sénégal. Une flotte de pêche chinoise qui avait été précédemment surprise dans des activités de pêche illégale à Djibouti a obtenu des permis de pêche alors que les mesures de confinement étaient en place pour contrôler le Covid-19.
Le ministère des Pêcheries du Sénégal a publiquement rejeté les applications de 52 chalutiers, mais le journal en ligne pressafrik.com basé à Dakar indique que le gouvernement a octroyé des permis à trois vaisseaux de pêche de la flotte chinoise Fu Yuan Yu. Le reportage a été plus tard confirmé par Greenpeace, organisation non gouvernementale écologique.
« Si le processus d’octroi des permis était transparent, personne ne se demanderait si le département a oui ou non signé de nouveaux permis », déclare Mor Mbengue, membre de la Plate-forme des acteurs de la pêche artisanale du Sénégal, à Quartz Africa. « Les acteurs de la pêche artisanale, qui sont les plus affectés, ne sont pas toujours consultés par les autorités lorsque les permis sont octroyés, même s’ils devraient l’être en tant que représentants du Comité d’attribution des permis. »
Les navires de la flotte Fu Yuan Yu ont été chassés par la Garde côtière de Djibouti en 2017, après les protestations des pêcheurs locaux concernant leur présence, selon un reportage de France 24.
La remise de permis aux gros chalutiers chinois a provoqué la colère des pêcheurs artisanaux au Sénégal, qui font déjà face à une réduction des prises. 90 % des zones de pêche sont pleinement exploitées ou affrontent l’effondrement dans les eaux du pays, selon les Nations unies. Comme dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, les poissons du Sénégal sont pour la plupart exportés vers l’Asie et l’Europe, ordinairement sous forme de farine de poisson ou d’huile de poisson produite dans des usines appartenant aux Chinois et qui polluent l’environnement.
Au Sénégal, la pêche industrielle a continué malgré la clôture des marchés visant à empêcher la propagation du Covid-19, déclare Tal Harris, coordinateur des communications pour Greenpeace Africa, à Quartz Africa.
« La concurrence déjà problématique entre le secteur artisanal et les industries de pêche étrangères à grande échelle est ainsi bien pire à cause de l’épuisement des stocks de poissons en Afrique de l’Ouest, déclare M. Harris. « Certaines de ces sociétés étrangères ont même essayé de profiter du confinement du Covid-19 pour continuer leurs pratiques illégales, en sachant bien que l’attention de la société civile et de la majorité des acteurs se concentrerait sur la pandémie. »
Les chalutiers chinois utilisent couramment d’énormes filets capables de saisir des tonnes de poissons par jour, beaucoup plus que la capacité des bateaux de pêche locaux. Ils travaillent souvent dans les zones interdites.
La Chine déclare que sa flotte de pêche en eaux distantes s’élève à environ 2.600 vaisseaux, mais des études telles que celles de l’Overseas Development Institute déclarent que ce chiffre est plus proche de 17.000.
Le nombre exact de vaisseaux dans la flotte de pêche chinoise en eaux distantes est difficile à évaluer, car de nombreux vaisseaux battent pavillon étranger, surtout le pavillon d’un pays africain, selon la Coalition pour des accords de pêche équitables.