PERSONNEL D’ADF
La République démocratique du Congo (RDC) possède des ressources minérales parmi les plus convoitées du monde.
Les quatre cinquièmes du cobalt mondial, composante critique des batteries utilisées dans les véhicules électriques et les appareils électroniques, se trouvent en RDC, qui produit plus de 70 % du cobalt mondial.
La RDC détient aussi les septièmes réserves de cuivre du monde et elle en est le troisième producteur mondial.
Le pays et son peuple devraient être sur le point de constater un boom économique. La constitution déclare : « Tous les Congolais ont le droit de jouir de la richesse nationale. »
Mais il y a un aspect négatif pour les Congolais qui travaillent dans les mines et y vivent à proximité.
La Chine est propriétaire de la plupart des mines industrielles de la RDC et responsable pour le travail des enfants, les conditions de travail et de vie horribles et les évictions systématiques des résidents qui vivent sur ses vastes concessions.
Un nouveau rapport de l’IBGDH (Initiative Bonne Gouvernance et Droits Humains) basée en RDC, publié avec le groupe international de défense des droits Amnesty International, montre comment les opérations minières chinoises du cuivre et du cobalt « détruisent les vies » en RDC.
Donat Kambola, président de l’IBGDH, a déclaré le 12 septembre : « Les gens sont expulsés par la force, ou menacés ou intimidés pour partir de chez eux, ou trompés pour accepter des règlements dérisoires. Il n’y a souvent pas de mécanisme de doléance, pas de prise de responsabilité ou d’accès à la justice. »
L’IBGDH est basée à Kolwezi, l’un des centres de l’expansion minière dans la province de Lualaba au Sud du pays, où l’extraction du cobalt et du cuivre est montée en flèche au cours des dernières années.
L’imagerie satellitaire de Kolwezi illustre cette expansion au cours des cinq dernières années, alors que les mines avancent dans les quartiers et des rues entières de la ville disparaissent.
L’IBGDH s’est entretenue avec plus de 130 personnes dans six projets miniers différents de Kolwezi.
« Les évictions sont souvent effectuées par les exploitants des mines qui se préoccupent peu des droits des communautés affectées et respectent peu les lois du pays visant à mettre un frein aux évictions forcées dans le secteur minier », déclare le rapport.
Dans son nouveau livre intitulé « Cobalt Red » [Cobalt rouge], Siddharth Kara explore comment l’industrie minière a ravagé le paysage de la RDC.
L’air et l’eau près des mines ont été contaminés avec de la poussière et des effluents toxiques provenant du traitement minier. Des millions d’arbres ont été abattus.
Les mineurs locaux travaillent dans des conditions extrêmement dangereuses.
« Le cobalt est toxique lorsqu’on le touche ou on le respire, et il y a des centaines de milliers de pauvres Congolais qui le touchent et le respirent chaque jour, déclare le professeur Kara sur National Public Radio. Toutes les jeunes mères portant leurs bébés sur le dos, respirant cette poussière de cobalt toxique. »
Le professeur Kara, Fellow à l’école de santé publique T. H. Chan de l’université Harvard, a décrit ces conditions inhumaines.
« Imaginez une population entière de gens qui ne peuvent pas survivre sans gratter le sol dans des conditions dangereuses pour un ou deux dollars par jour. Les gens travaillent dans des conditions inhumaines, écrasantes et dégradantes. Ils utilisent des pioches, des pelles, des morceaux de béton armé pour taillader et gratter le sol dans des tranchées, des fosses et des tunnels afin de ramasser le cobalt et l’introduire dans la chaîne d’approvisionnement commerciale. »
L’intention déclarée de la Chine est de s’accaparer les marchés des minerais.
En 2009, Joseph Kabila, président de la RDC à l’époque, a conclu un accord avec le gouvernement chinois pour donner accès à des concessions minières. Les sociétés chinoises ont saisi rapidement les avoirs de quinze des dix-neuf concessions minières industrielles majeures de cobalt et de cuivre dans le pays.
« Ils dominent l’excavation minière sur le terrain, déclare le professeur Kara. Et en plus, ils dominent la chaîne logistique jusqu’au niveau des batteries. Ils détiennent environ 70 à 80 % du marché du cobalt raffiné et probablement la moitié du marché des batteries. »
Le président actuel de la RDC, Félix Tshisekedi, s’est engagé à réorganiser l’accord de son prédécesseur, qui selon lui est injustement avantageux pour la Chine sans que la RDC soit bénéficiaire. La Chine s’y oppose énergiquement.
Paul Nantulya, associé de recherche au Centre d’études stratégiques de l’Afrique, déclare que cette dispute pourrait envenimer les relations entre la RDC et la Chine.
« Cela est perçu comme étant tout à fait injuste parce qu’il est évident que le côté congolais aurait pu obtenir beaucoup plus, dit-il à VOA. Comment les partenaires chinois vont-ils répondre ? Je pense que l’on peut dire à juste titre qu’ils vont essayer de garder une portion aussi grande que possible. »