Depuis un petit bâtiment blanc sur le campus de l’Université maritime régionale près de Tema, au Ghana, quelques personnes surveillent une zone maritime qui s’étend de la frontière nord de la Mauritanie jusqu’à la frontière sud de l’Angola.
Le Centre de partage des informations sur le commerce maritime (MTISC) du golfe de Guinée est un service gratuit financé par des intérêts privés et publics, notamment l’Organisation maritime internationale (OMI), Interpol, le Forum maritime international des compagnies pétrolières, ainsi que des pays du groupe d’experts du G7 des amis du golfe de Guinée. Les contrôleurs, qui travaillent en groupes de deux ou trois, sont généralement issus des marines et des industries régionales.
Le système est simple. Les navires envoient par courriel un rapport de position initial lorsqu’ils pénètrent dans une zone de signalement volontaire (VRA). Après cela, les navires sont censés envoyer des rapports de position quotidiens tant qu’ils naviguent à l’intérieur d’une VRA. Ils envoient un rapport de position final lorsqu’ils quittent cette zone. Les navires peuvent signaler une activité suspecte à tout moment.
Les contrôleurs du MTISC répondent à tous les rapports, qui contiennent des identifiants de base tels que le nom du navire, son pavillon, son indicatif radio, son numéro OMI, sa position, son cap, sa vitesse, sa cargaison et les coordonnées de son équipage.
« Nous ne nous contentons pas de recevoir les rapports, d’y répondre et de les traiter. Nous prenons le message en charge ; nous analysons les rapports diligemment », affirme Dehcorti Karmo, un contrôleur originaire du Liberia. « Lorsque nous recevons ces informations, nous obtenons des renseignements de base fournis par les navires. Ils nous signalent tout ce qu’ils voient. »
Ensuite, les contrôleurs communiquent les informations cruciales relatives à la VRA avec les navires qui sont à proximité, afin que ceux-ci puissent éviter les zones potentiellement dangereuses. Le personnel du centre relaie également les informations relatives à des menaces présumées aux autorités régionales et nationales.
Imaginons qu’un navire marchand faisant route dans la VRA située au large des côtes du Nigeria observe ce qui semble être un transfert suspect entre navires. Ceci pourrait signifier que des criminels sont en train de transborder du pétrole à partir d’un navire détourné. Le navire marchand peut le signaler au centre, où des contrôleurs sont présents 24 heures sur 24. À son tour, le MTISC transmet ces informations aux navires marchands passant à proximité et signale l’incident aux autorités nigérianes et aux centres d’opérations maritimes régionaux pour un complément d’enquête. Le centre a également participé à des scénarios dans le cadre de l’Exercice Obangame Express 2015.
Tout navire marchand se trouvant dans la VRA peut communiquer des informations au MTISC : des bateaux de pêche commerciale, des navires de l’industrie pétrolière, des barges, même des yachts. Les navires ne sont pas obligés d’envoyer un rapport de position lorsqu’ils pénètrent dans une VRA. Toutefois, s’ils ne le font pas, le centre ne sera pas en mesure de les informer des menaces potentielles. Les avantages sont donc clairs.
Les contreparties pour les marines régionales et les autorités de sécurité maritime sont également précieuses. Les contrôleurs du MTISC estiment qu’ils reçoivent entre 250 et 300 messages chaque jour. Cela représente pour les navires marchands des centaines d’occasions d’aider à surveiller le golfe de Guinée.
Parmi ces courriels, il est difficile de déterminer combien d’entre eux peuvent inclure des signalements d’activités suspectes. Parfois les équipages peuvent choisir d’appeler le centre directement, ou lui envoyer un courriel, plutôt que de remplir un autre formulaire. Parfois, les centres maritimes nationaux informent les MTISC des problèmes.
« Les autres centres sont prêts à communiquer avec nous parce que les navires sont prêts à communiquer avec nous. Nous avons une liaison directe avec les navires », indique le lieutenant de vaisseau Ankrah Ahmed de la Marine ghanéenne. « Ils n’ont pas d’accès direct aux navires. Aussi, quelles que soient les informations qu’ils souhaiteraient probablement communiquer, il vaut mieux passer par nous, car nous les transmettons directement aux navires. »