PERSONNEL D’ADF
Les Nations unies ont récemment célébré un anniversaire important sur le continent : 25 années d’engagement pour protéger les civils dans les missions de maintien de la paix.
Le 22 octobre 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin à sa mission d’observation en Sierra Leone et créé la MINUSIL, une nouvelle mission avec un mandat permettant à ses soldats d’utiliser la force. Cela représentait un changement majeur dans l’approche de l’ONU au maintien de la paix.
En 1999, le Conseil de sécurité a précisé comment les soldats de la MINUSIL avaient l’obligation de « prendre les mesures nécessaires pour satisfaire à son mandat afin d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement de son personnel et, dans les limites de ses capacités et zones de déploiement, assurer la protection des civils sujets à une menace imminente de violence physique ».
Avant la MINUSIL, les missions de maintien de la paix n’étaient pas autorisées à employer la force dans leurs interventions. Elles aidaient à protéger les populations en désarmant les combattants, surveillant les cessez-le-feu et soutenant les négociations de paix, selon l’équipe de protection des civils (POC) du maintien de la paix de l’ONU.
Cette équipe a écrit dans un article du 21 octobre 2024 : « C’était une étape révolutionnaire, établissant la protection des civils en tant que responsabilité fondamentale des missions de maintien de la paix de l’ONU actives dans les zones de conflit. ».
Pendant les dix années de guerre civile, plus de 70.000 habitants de Sierra Leone ont été tués, au moins 27.000 enfants ont été forcés à devenir des combattants et 20.000 personnes ont été mutilées dans le cadre d’actes délibérés d’amputation visant à terroriser les civils. Les Nations unies estiment que 2,5 millions de personnes se sont enfuies de leur foyer.
La MINUSIL était une mission importante avec 6.000 soldats, y compris 260 observateurs militaires. Son mandat consistait à assister le nouveau gouvernement de Sierra Leone et les combattants désarmés à mettre en œuvre les dispositions de l’Accord de paix de Lomé qui avait été conclu pendant l’été 1999.
En 2001, l’ONU a augmenté le nombre de personnel militaire à 17.500, ce qui a permis à la MINUSIL d’établir progressivement son autorité dans les zones de production de diamants, qui étaient une source cruciale de financement pour les forces rebelles pendant la guerre.
Après plusieurs affrontements meurtriers à la fin de la guerre, la MINUSIL a créé des zones tampons pour séparer les ex-combattants dans le district minier de Kono ; finalement, elle a établi l’état de droit et l’ordre public dans ce qui était une zone conflictuelle de contrebande et de trafic illicite.
Le processus de Kimberley, approuvé par l’ONU en 2002, a réduit le flux des « diamants du sang » dans les zones de guerre de l’Afrique. Après la fin de la MINUSIL en décembre 2005, des diamants d’une valeur de 125 millions de dollars ont été exportés légalement l’année suivante, comparé au début de la mission en 1999 lorsque pratiquement aucun diamant ne pouvait être légalement exporté de Sierra Leone.
En date du début 2002, la MINUSIL avait désarmé et démobilisé plus de 75.000 ex-combattants, y compris des enfants. Le gouvernement déclara la fin officielle de la guerre civile en Sierra Leone et la MINUSIL aida à organiser les premières élections présidentielles et parlementaires libres du pays.
À la conclusion de la MINUSIL, l’ONU a transféré ses opérations au bureau de maintien de la paix intégré en Sierra Leone (UNIPSIL), qui a été clôturé en 2014 en grande pompe et avec des louanges.
Aujourd’hui, le mandat POC est une pierre angulaire des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il a façonné comment les missions empêchent la violence contre les civils et y répondent.
L’équipe POC écrit : « Ce rôle reste crucial car les conflits s’intensifient dans le monde, avec des effets catastrophiques sur les populations civiles, notamment une augmentation alarmante de 72 % du nombre de décès des civils en 2023. »
Depuis le début du mandat POC avec la MINUSIL, l’ONU a créé seize missions de maintien de la paix avec le mandat explicite de protéger les civils, notamment quatre missions déployées aujourd’hui sur le continent africain : République centrafricaine (MINUSCA), République démocratique du Congo (MONUSCO), Soudan du Sud (MINUSS) et région d’Abiyé contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud (FISNUA).
Le modèle a été développé en Sierra Leone, où la force de maintien de la paix a aidé à guider un pays ravagé par la guerre vers un avenir d’espoir.
Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU à l’époque, a déclaré lors de la cérémonie de clôture de l’UNIPSIL le 5 mars 2014 : « La Sierra Leone représente l’un des meilleurs succès mondiaux de récupération, de maintien de la paix et de construction de la paix après un conflit. La Sierra Leone a enseigné au monde de nombreuses leçons, mais aucune n’est plus importante que celle du pouvoir d’un peuple pour façonner son avenir. »