PERSONNEL D’ADF
Nahom Halefom, âgé de 13 ans, jouait dehors avec deux de ses amis près de la ville de Queshet dans la région centrale du Tigré. Sa mère les observait.
« J’ai tourné les yeux un instant. Ensuite, j’ai entendu l’explosion », déclare-t-elle au journal The Ethiopian Reporter pour un article publié le 23 mars.
Tout le monde dans la zone s’est précipité vers la scène mais personne n’a osé entrer dans ce qui était probablement un terrain miné. Les voisins ont couru pour chercher d’anciens combattants qui avaient passé deux années à la guerre du Tigré et qui savaient avancer dans les champs de mine.
« Il agonisait et avait perdu connaissance, dit la mère de Nahom. Je ne pouvais rien faire d’autre que de rester levée, de regarder et d’attendre. »
Nahom perdit une jambe et un œil, mais les trois enfants ont survécu. Getachew Girmay, dont la nièce de 6 ans avait été tuée dans un accident similaire en septembre 2023, est l’un des combattants qui avait secouru les enfants.
« Nous ne savons pas du tout où se trouvent exactement ces bombes, déclare-t-il au Reporter. Tout ce que nous pouvions faire, c’était de faire une estimation éclairée, en fonction des expériences du passé ; nous avons eu la chance de pouvoir ramener les gosses. »
La guerre dans le Nord de l’Éthiopie a pris fin en novembre 2022 mais son sillage d’explosions est dispersé dans toute la région du Tigré.
Les munitions non explosées (UXO) ont tué ou blessé au moins 1.225 personnes dans les 13 woredas (districts) du Tigré depuis la fin de la guerre, selon Integrated Development Initiatives for War Affected People (IDI-WAP), organisation non gouvernementale qui se concentre principalement sur l’éducation concernant les risques des munitions explosives.
Yeheyis Berhane, coordinateur principal pour IDI-WAP, déclare au Reporter : « Les statistiques augmentent chaque jour. Les combats étaient omniprésents au Tigré. Les fusils ont fait feu et les restes d’explosifs ont atterri dans tout le territoire. »
Les enfants sont particulièrement vulnérables car ils reconnaissent moins facilement ces explosifs. Deux tiers des victimes ont moins de 17 ans, selon IDI-WAP.
« Les gens ne peuvent même pas se fier au sol sur lequel ils marchent », déclare M. Yeheyis.
Les zones scolaires seront la première priorité d’un nouveau projet du ministère éthiopien de la Défense et du service de lutte antimines des Nations unies (UNMAS) visant à éliminer les munitions dans toute l’Éthiopie.
UNMAS fournira au ministère une formation technique et de développement des capacités, selon Francesca Chiaudani, chef du programme éthiopien de l’UNMAS. Elle a annoncé le programme lors d’une cérémonie commémorant la Journée internationale pour l’assistance à la lutte antimines à Addis-Abeba le 4 avril.
Giles Duley, défenseur mondial UNMAS, a saisi l’opportunité du 4 avril pour souligner l’ampleur et la portée du problème des UXO : une nouvelle victime des munitions non explosées apparaît toutes les 60 minutes.
Il a déclaré dans une conférence de presse : « Considérant les dix dernières années, tout ce que j’ai vu dans le monde est l’augmentation de l’emploi des mines terrestres. Nous perdons le combat. C’est la réalité des mines terrestres. C’est ce que cela veut dire. Et leurs conséquences dureront bien après nous. »