PERSONNEL D’ADF
Le Rwanda a promis d’envoyer plus de soldats dans la province mozambicaine fragilisée du Cabo Delgado, où les terroristes ont lancé une nouvelle série d’attaques au cours des derniers mois après avoir subi des revers militaires face aux forces internationales.
Les troupes rwandaises arriveront pour aider à combler un vide sécuritaire lorsque la mission SAMIM de la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA) au Mozambique se retirera de la province.
Des rapports indiquent que 300 combattants rebelles ont saisi et occupé au mois de mars la ville côtière de Quissanga, chef-lieu de district. Le jour suivant, les insurgés ont décapité trois membres des forces de sécurité dans l’île voisine de Quirimba.
Les nouvelles attaques ont ciblé des zones qui avaient été peu affectées depuis le début de l’insurrection, y compris une attaque soutenue dans le district de Chiúre à l’extrême Sud du Cabo Delgado. Ces attaques « sont notables pour leur intensité relative et l’absence d’une réponse efficace de la part des forces de l’État », a signalé au mois de mars Cabo Ligado, site web qui surveille l’insurrection.
Le général de brigade Patrick Karuretwa, qui commande la coopération militaire internationale de la Force de défense du Rwanda, déclare que le pays a déjà environ 2.500 soldats et policiers dans les districts d’Ancuabe, Mocímboa da Praia et Palma au Cabo Delgado.
Le retrait de la SAMIM « nous oblige à prendre certaines mesures », a dit le général dans un reportage de l’Agence d’information du Mozambique. « Nous formerons les soldats mozambicains pour qu’ils occupent les lieux où la SAMIM était positionnée. Nous augmentons aussi nos propres effectifs et nous améliorons leur mobilité pour qu’ils puissent couvrir des zones plus vastes. »
En 2021, les forces rwandaises ont reconquis des mains des insurgés le port de Mocímboa da Praia, au Nord du pays. Les insurgés avaient contrôlé la ville pendant un an environ et avaient perturbé un projet majeur de gaz naturel.
On anticipe qu’environ 300 soldats de Tanzanie, membre de la CDAA, resteront au Cabo Delgado en vertu d’un accord de sécurité bilatéral séparé, selon Zitamar News. Les forces tanzaniennes sont basées dans le district de Nangade au Nord du Cabo Delgado.
Les soldats de la SAMIM provenant d’Afrique du Sud, du Botswana et du Lesotho se sont retirés pendant les deux premières semaines d’avril. L’Afrique du Sud avait envoyé le plus de soldats au Cabo Delgado, environ 1.500. Les rebelles d’Ansar Al-Sounnah, groupe lié à l’État islamique, mènent une insurrection depuis 2017.
La SAMIM comprend des soldats des pays suivants : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, République démocratique du Congo, Tanzanie et Zambie. La mission est venue au Cabo Delgado en 2021. En août 2023, la CDAA a approuvé une extension d’un an pour son mandat. On anticipe que les dernières forces de la SAMIM partiront en juillet.
Veronica Macamo, ministre des Affaires étrangères du Mozambique, a déclaré que la SAMIM se retirait à cause de « problèmes financiers ».
« Nous devons aussi prendre en charge nos propres soldats et nous aurions des difficultés pour payer pour la SAMIM, déclare Mme Macamo dans un rapport de defenceWeb. Nos pays ne réussissent pas à obtenir l’argent nécessaire. »
L’Union européenne s’est engagée à verser 21,3 millions de dollars pour financer le prochain déploiement rwandais.
Après sa réunion avec le président mozambicain Filipe Nyusi en mars, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a aussi promis d’envoyer du matériel personnel de base pour les membres des missiles locales du Cabo Delgado qui combattent aux côtés des forces de sécurité.
La SAMIM a aidé à enregistrer des gains importants de contre-terrorisme depuis son déploiement, et plus de 600.000 personnes qui avaient fui la violence du Cabo Delgado sont rentrées dans leur foyer en date de décembre 2023, selon un rapport de Relief Web.
Thomas Mandrup, professeur associé de l’Institut de sécurité pour la gouvernance et le leadership en Afrique (université Stellenbosch). déclare qu’il pense que la mission a atteint ses objectifs visant à diminuer les capacités des insurgés.
Toutefois, « la SAMIM a eu des difficultés pour s’acquitter de son mandat de formation des forces mozambicaines parce qu’elle ne pouvait pas identifier leurs besoins de formation », dit le professeur Mandrup dans un entretien avec The Conversation. Il ajoute que les efforts de développement et humanitaires de la mission « ont été au mieux limités ».