AGENCE FRANCE-PRESSE
Le Musée des Civilisations de la Côte d’Ivoire est de retour et déterminé à reprendre sa place comme l’un des plus riches musées d’art africain dans le monde, une place de « richesse incomparable » selon l’ex-poète-président du Sénégal Léopold Sédar Senghor lors d’une visite en 1971.
Le musée avait été pillé quarante ans plus tard lors d’une confrontation politique et militaire et il avait été fermé pour une rénovation de deux ans, rouvrant ses portes en juillet 2017 avec des salles re-décorées, un éclairage moderne et un nouveau centre de conférence, restaurant et jardin.
La première exhibition depuis la rénovation s’appelle la Renaissance et présente une sélection de 100 des plus belles pièces du musée.
« Nous pouvons nous considérer fortunés d’avoir une si belle collection », déclare la directrice du musée Silvie Memel Kassi à l’Agence France-Presse. « C’est une richesse, une collection de 15.000 pièces provenant de chaque région. »
Pourtant, elle déplore le pillage qui s’est produit en 2011, pendant une période d’anarchie postélectorale à Abidjan, capitale économique du pays, qui a causé 3.000 décès.
« Cela nous a vraiment laissé un goût amer dans la bouche, déclare-t-elle. Les [120] articles qui ont été volés étaient des œuvres majeures : des pièces sacrées, des objets en cire. … Nous estimons que près de 4 milliards de francs CFA (7,1 millions de dollars) » ont été perdus, déclare Mme Memel Kassi.
Le musée prévoyait une exhibition de la « collection fantôme » pour maintenir vivant le souvenir des pièces disparues et promouvoir l’identification du trafic illicite des objets historiques.
Fondé en 1942 lorsque la France était la puissance coloniale d’une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, le musée est lui-même une œuvre d’art avec ses 20 colonnes en bois finement sculpté.
Les locaux rénovés offrent une place spéciale aux artistes contemporains, avec un hall réservé à des gens tels que le sculpteur ivoirien Jems Koko Bi. Le jardin présente des œuvres récentes.
« Nous parlons délibérément du musée des civilisations, déclare la directrice. Nous voulions montrer que les artistes dont les créations sont aujourd’hui considérées comme des “œuvres anciennes” sont les mêmes que les Africains produisant des œuvres contemporaines. »