Le Mozambique, autrefois l’un des pays les plus fortement minés du monde, se déclare libéré de ce fléau mortel.
En 1992, alors qu’il sortait de 16 ans de guerre civile, le Mozambique était considéré – avec l’Angola, l’Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine et le Cambodge – comme l’un des cinq payscomportant le plus de terrains minés au monde.
Bientôt, dès le début 2015, le Mozambique sera le premier des cinq pays à être déclaré « sans impact ».
Les champs de mines étaient l’héritage meurtrier du carnage qui a coûté la vie à un million de personnes dans les combats qui opposaient le mouvement de libération Frelimo aux rebelles anticommunistes de la Renamo. Les mines étaient aussi des cicatrices durables de conflits oubliés depuis longtemps, comme la guerre d’indépendance avec le Portugal de 1964 à 1975 et les hostilités le long de la frontière avec la Rhodésie, l’actuel Zimbabwe.
Les experts craignaient que le déminage de milliers d’armes enterrées prenne entre 50 et 100 ans. Au lieu de cela, il aura suffi d’un peu plus de vingt ans.
Cette réussite exceptionnelle est le fruit de la coopération entre le gouvernement de Maputo, des organisations non gouvernementales et des bailleurs de fonds internationaux comme la Grande-Bretagne, la Suède et les États-Unis.
Les spécialistes du déminage ont loué la persévérance et le courage des villageois qui ont tracé des sentiers dans ces champs de mines en y lançant des rochers qui servaient de pierres de gué.
Depuis 1993, les États-Unis sont le plus grand donateur des programmes de déminage humanitaire, avec une dotation de 2,3 milliards de dollars répartie entre 90 pays, soit 30 pour cent du total mondial. De cette somme, 53 millions de dollars ont été alloués au Mozambique.
Le bilan au Mozambique a été lourd. Les chiffres exacts ne sont pas connus, mais l’Institut national de déminage a enregistré 2.145 victimes jusqu’en 2001, sans faire de distinction entre les blessés et les morts. Ces dernières années, le nombre d’accidents annuels a été ramené à un chiffre simple.
Environ 182.000 mines antipersonnel ont été déterrées depuis 1993, parmi lesquelles 150.000 ont été retirées en toute sécurité par le HALO Trust, l’ONG britannique parrainée par la défunte Lady Diana.
Le Mozambique a aussi bénéficié de nouvelles technologies de pointe, comme des détecteurs de métaux perfectionnés, qui ont contribué à accélérer les travaux. L’innovation probablement la plus insolite a été l’utilisation de rats. Les rats, entraînés à détecter le TNT enfoui dans le sol en échange d’une récompense, peuvent parcourir une zone beaucoup plus rapidement que les humains.