PERSONNEL D’ADF
Plusieurs années de missions militaires ont laissé les factions civiles et politiques frustrées par la violence inextricable provenant d’un éventail de groupes armés actifs dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
La Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (FR-CAE), menée par un contingent des Forces de défense du Kenya (KDF), se prépare à partir. Une nouvelle force organisée et déployée par la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA) essaiera d’amener la paix et la stabilité dans la région.
Dès le début, la FR-CAE semblait en désaccord avec le président et le peuple de la RDC. Le 3 décembre, une semaine après l’accord signé par les autorités de Kinshasa et les dirigeants de la Communauté d’Afrique australe pour mettre fin au mandat de la force, les soldats kényans ont commencé à se retirer
Peu après le début de la mission, le Kenya considérait sa participation comme une obligation régionale. Le président kényan William Ruto avait déclaré à Al Jazeera : « C’est notre voisinage, nous n’avons pas le choix. Nous souhaiterions que cela soit fait par quelqu’un d’autre, mais si nous ne nous engageons pas, les choses empireront. »
La FR-CAE était constituée de soldats du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda et du Soudan du Sud. Le Rwanda, la RDC et la Tanzanie ont participé au quartier général de la force à Goma, capitale du Nord-Kivu. La force était déployée à Masisi, Nyiragongo et Rutshuru dans le Nord-Kivu.
Toutefois, son mandat a finalement était sujet à des critiques. Le président Félix Tshisekedi de la RDC a critiqué publiquement le major-général kényan Jeff Nyagah, commandant de la FR-CAE, en affirmant que ses forces ne faisaient pas assez d’efforts pour vaincre les rebelles du M23, selon le journal kényan Daily Nation. Peu après, M. Tshisekedi a annoncé qu’il ne renouvellerait pas le mandat de la force. Le général Nyagah a démissionné le 27 avril 2023 en mentionnant que sa sécurité était menacée.
Selon le quadruple mandat de la FR-CAE, elle planifierait et conduirait des opérations avec les forces congolaises pour vaincre les groupes armés ; elle aiderait à maintenir les lois et l’ordre public ; elle collaborerait avec les organisations humanitaires pour aider les personnes affectées par les groupes armés ; et elle soutiendrait le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.
Les troubles et le mécontentement n’ont pas commencé avec la FR-CAE. La force de maintien de la paix des Nations unies, appelée MONUSCO, était active en RDC depuis juillet 2010. La MONUSCO avait été précédée par la MONUC, autre mission qui avait démarré à la fin 1999.
La MONUSCO a été sujette à des manifestations et des troubles civils persistants. M. Tshisekedi a demandé à la mission de partir avant la fin décembre 2023. Les responsables de l’ONU et de la RDC ont conclu un plan de désengagement le 21 novembre.
« L’accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérative pour relâcher les tensions entre cette dernière et nos compatriotes », a déclaré M. Tshisekedi, selon un reportage de CNN en septembre 2023. Il a ajouté que « les missions de maintien de la paix déployées, sous une forme ou une autre, depuis 25 ans… ont manqué (d’adresser) les rébellions et les conflits armés qui déchirent la république ».
Des critiques similaires ont aussi rongé la FR-CAE. Un diplomate anonyme a expliqué à Daily Nation que les échecs perçus des missions précédentes ont empêché le financement des efforts militaires de la FR-CAE.
À Goma le 2 décembre, le lieutenant-général Francis Ogolla, chef des Forces de défense du Kenya, a déclaré que ses soldats avaient satisfait à leur mandat. Selon le Daily Nation, il a déclaré : « En temps que KDF, nous sommes satisfaits d’avoir joué notre rôle professionnellement avec un collatéral minime. Dans toute mission internationale, nous devons toujours respecter et apprécier les valeurs, la culture et les coutumes mutuelles. »
Alors que la FR-CAE s’en va, elle le fait après avoir eu une seule victime : un soldat kényan tué à la fin octobre par un obus de mortier que les rebelles du M23 sont accusés d’avoir lancé. Alors que la sécurité est remise entre les mains d’une autre force extérieure, on continue de douter de la possibilité de paix dans l’Est de la RDC.
Alors que le mission de la CDAA en RDC (SAMIDRC) se prépare au déploiement, des doutes subsistent sur le potentiel de paix dans l’Est de la RDC. La mission de la SAMIDRC consiste à chasser les rebelles du M23, selon Delphin R. Ntanyoma, chercheur invité de l’université de Leeds.
Le Dr Ntanyoma, qui est congolais, écrit dans un article du 24 novembre 2023 pour The Conversation : « Cette perspective à tendance à se concentrer sur les dangers posés par le M23 et ignore les groupes armés (plus de 120) actifs dans l’Est du Congo. En outre, elle a tendance à accommoder d’autres groupes armés qui commettent des atrocités contre les civils. En contrant les attaques du M23, l’armée a coopté les milices étrangères et locales en leur fournissant des armes et des munitions. »
Il ajoute : « La mission de la CDAA en RDC affrontera donc de multiples forces rebelles dans un vaste territoire avec des conditions politiques complexes. Elle court le risque de voir ses efforts critiqués tout comme ceux de la Communauté d’Afrique de l’Est à cause de sa capacité limitée à affronter les causes de la violence dans l’Est du Congo. »