AGENCE FRANCE-PRESSE
Ahmed Harrad passe ses jours à parcourir le Nord du Maroc pour essayer de persuader les gens de la région de protéger l’espèce menacée du macaque de Barbarie. « Si rien n’est fait, cette espèce disparaîtra en moins de 10 ans », précise une affiche placée sur son véhicule 4 x 4 vieillissant.
C’est la seule espèce de macaque hors de l’Asie. Le singe mange des feuilles et des fruits et peut atteindre un poids de 20 kilos. Cette espèce vivait autrefois dans toute l’Afrique du Nord et dans certaines parties de l’Europe.
Ayant disparu de la Libye et de la Tunisie, il vit maintenant dans les régions montagneuses d’Algérie et dans la région du Rif au Nord du Maroc. Une autre population semi-sauvage d’environ 200 spécimens, située à Gibraltar, représente les seuls singes européens en liberté.
Aujourd’hui, le seul primate originaire du Nord du Sahara, autre que l’homme, est en danger d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Les conservationnistes culpabilisent le braconnage, les touristes qui donnent à manger aux singes et l’exploitation des forêts de cèdres et de chênes qui forment l’habitat naturel de l’espèce. En réponse, le Maroc a lancé une campagne pour sauver le macaque de Barbarie. « Nous travaillons à deux niveaux : la surveillance et le recensement de l’espèce dans le Rif, et la sensibilisation des habitants locaux pour qu’ils aident activement à la sauver », déclare M. Harrad.
En tant que chef de l’association locale Prise de conscience et préservation du macaque de Barbarie, M. Harrad est devenu un champion infatigable de l’animal. Il déclare qu’il est souvent vendu à des acheteurs d’Europe pour une somme entre 110 et 330 dollars, malgré les lois qui interdisent sa vente.
Le royaume nord-africain n’a jamais conduit de recensement national du macaque, mais les scientifiques pensent que leur nombre décroît chaque année. Ils estiment que le Maroc héberge aujourd’hui entre 3.000 et 10.000 macaques, comparé à 17.000 il y a trente ans.
Ils pensent que l’Algérie avait environ 5.500 macaques de Barbarie à la fin des années 1980. Depuis lors, les zones dans lesquelles ils vivaient ont été réduites de moitié.
Anouar Jaoui, directeur du parc national de Talassemtane au Nord du Maroc, où vivent plusieurs douzaines de macaques, déclare que la stratégie de conservation inclut des mesures pour « réhabiliter et reconstruire l’habitat de l’espèce ». Pour cela, il faut « réduire la pression causée par la surexploitation des ressources naturelles », ajoute-t-il.