En septembre dernier, la Marine du Ghana a réceptionné deux navires patrouilleurs du type Defender, qui amélioreront sa capacité de lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), le trafic de drogue, la contrebande des armes, la piraterie, le vol à main armée en mer et autres crimes maritimes.
Le gouvernement des États-Unis a donné les navires et a aussi fourni une installation d’entreposage. Le don a une valeur de plus de 24 millions de cedis ghanéens (1,5 million de dollars). Les États-Unis avaient aussi fait don de deux navires Defender au Ghana l’an dernier.
Lors d’une cérémonie de transfert au Commandement de la formation navale (NAVTRAC) dans la région ghanéenne de la Volta, le contre-amiral Issah Adam Yakubu, chef d’état-major de la Marine du Ghana, a remercié les États-Unis pour avoir fourni ces quatre navires de 11,6 m ainsi que des outils de communication, des armes et des munitions, et un équipement de visite, abordage, fouille et saisie.
Le commodore Solomon Asiedu-Larbi, officier général commandant NAVTRAC, a aussi exprimé ses remerciements pour les membres de la Marine et du Corps des fusiliers marins des États-Unis qui ont aidé à construire l’installation d’entreposage.
Virginia Palmer, ambassadrice des États-Unis au Ghana, a déclaré qu’elle était fière du partenariat de longue date entre les pays, en disant qu’il est basé sur des engagements mutuels envers la sécurité, la démocratie et la prospérité.
Elle a déclaré : « Cette cérémonie est plus qu’un simple transfert. Elle symbolise nos efforts conjoints pour assurer que la Marine du Ghana soit bien équipée afin de sécuriser les eaux du pays. »
La pêche illégale, surtout pratiquée par les chalutiers industriels chinois, tourmente le Ghana et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest depuis des dizaines d’années. Cette pratique décime les stocks de poissons et fait monter le prix des fruits de mer. Au Ghana, les stocks de petits poissons pélagiques tels que la sardinelle ont chuté de 80 % au cours des vingt dernières années, selon l’Environmental Justice Foundation. Les stocks de l’espèce appelée sardinella aurita se sont complètement effondrés.
Kofi Tawia, pêcheur artisanal de 40 ans basé au port de Cape Coast, a déclaré au journal The Guardian que la prise avait baissée dramatiquement. Il est l’un des plus de 100.000 pêcheurs actifs dans le pays, pour lesquels les revenus annuels moyens ont baissé jusqu’à 40 % par pirogue artisanale au cours des quinze dernières années environ, selon la fondation. La décimation des stocks de poissons fait grimper les prix et provoque l’insécurité alimentaire.
M. Tawia déclare qu’il y a si peu de poissons que les négociations sur le partage de la prise quotidienne peuvent facilement conduire à des affrontements physiques. La situation est similaire dans toute l’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui considérée comme l’épicentre mondial de la pêche illégale, où les gouvernements locaux perdent des sommes annuelles estimées à 10 milliards de dollars, selon un rapport de septembre 2023 par le Stimson Center.
La piraterie en Afrique de l’Ouest est aussi en hausse. Au cours de l’an dernier, les pirates, les voleurs armés et les groupes pratiquant l’enlèvement contre rançon ont été actifs au large des côtes du Cameroun, du Ghana, de la Guinée équatoriale, du Nigeria et du Togo. Ils prennent pour cible un éventail de navires, notamment les pétroliers, les navires porte-conteneurs, les cargos en général et les navires de passager, selon le ministère des Transports des États-Unis. Ces criminels ont attaqué et abordé des navires à des distances jusqu’à 300 milles marins du littoral, et ils sont bien connus pour faire feu sur les navires pendant les abordages ou les tentatives d’abordage.
Il y a eu 22 attaques de pirate dans le golfe de Guinée en 2023, chiffre légèrement supérieur aux 19 attaques de 2022, mais inférieur aux 35 attaques de 2021 et aux 81 de 2020, selon le Bureau maritime international. Les responsables ont signalé six incidents de piraterie au cours du premier trimestre 2024, comparé à cinq pendant la même période de 2023.
Ces menaces pesant sur l’économie des océans du Ghana ont conduit à la création de sa Stratégie nationale maritime intégrée, qui vise à assurer la sécurité du domaine maritime du Ghana à partir de 2040.
Son but est de renforcer le cadre de gouvernance maritime du Ghana, d’assurer la sécurité de son domaine maritime, de protéger l’environnement marin, de promouvoir la recherche, la sensibilisation et le partage des connaissances, et de développer la coopération régionale et internationale, selon un reportage de Ghana Web.
Godred Sowah Khartey, associé de l’organisation CEMLAWS Africa qui encourage la sécurité maritime, déclare qu’il pense que la stratégie affrontera efficacement les crimes maritimes et aidera à améliorer les moyens de subsistance des communautés côtières du Ghana.