PERSONNEL D’ADF
La guerre au Soudan a commencé à se propager en République centrafricaine, alors que les deux belligérants conduisent des opérations sur la frontière Sud-Ouest du Soudan.
Selon les Nations unies, les Forces armées soudanaises (SAF) ont lancé des frappes aériennes contre des positions de milice le long de la frontière et les Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire, ont recruté des combattants auprès des rebelles de la RCA.
Entre-temps, la RCA qui reste enlisée dans son propre conflit violent qui dure depuis one ans, est devenue un refuge pour plus de 31.000 Soudanais qui ont fui les combats dans leur propre pays. Un grand nombre de ces Soudanais sont réfugiés dans des zones éloignées des préfectures centrafricaines de Vakaga et de Haute-Kotto, où ils ne peuvent pas être protégés par le gouvernement.
Les observateurs déclarent à Corbeau News Centrafrique que les Soudanais déplacés survivent sans eau propre, médicaments ni nourriture. Les responsables locaux de RCA ont demandé au gouvernement de faire plus pour les aider.
« L’effet de contagion du conflit du Soudan a affecté considérablement la situation en République centrafricaine », déclare le panel d’experts onusiens sur la RCA dans son rapport au Conseil de sécurité.
Les RSF contrôlent les passages frontaliers avec la RCA au Darfour-Central et au Darfour du Sud. Le général Mohamed Hamdan Dogolo alias « Hemeti », chef des RSF, a ordonné la fermeture de la frontière en 2022 pour déjouer une tentative présumée de renversement du gouvernement de la RCA.
Hemeti a rouvert la frontière et la localité d’Umm Dafog en janvier 2023, trois mois avant le déclenchement des combats avec les SAF le 15 avril 2023. Depuis lors, la frontière avec la RCA est devenue un lieu de transit pour le transport sans entrave des armes et des combattants qui alimentent les conflits de la RCA et du Soudan.
« Des groupes armés d’opposition de la République centrafricaine ont été signalés en train de recruter des membres de leurs propres groupes pour les envoyer au combat au Soudan sous l’égide des RSF », selon le panel d’experts.
Parmi ces recrues, on compte des combattants rebelles du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), qui contrôle certaines régions de la préfecture de Vakaga dans le Nord de la RCA, le long de la frontière avec le Soudan. À leurs tours, les combattants du FPRC utilisent le territoire soudanais pour lancer leurs propres attaques en RCA.
Les observateurs notent que la relation entre les RSF et le FPRC va à l’encontre du soutien de Hemeti pour les dirigeants de la RCA à Bangui. Les deux groupes ont une relation de longue date avec l’Africa Corps russe, groupe de mercenaires anciennement appelé Wagner.
Le rapport de l’ONU identifie Habib Hareka des RSF comme l’un des recruteurs qui font franchir aux combattants la frontière entre Am Dafok, Sam-Ouandja, la localité minière de Ndah et la préfecture de Haute-Kotto. Les combattants finissent par arriver à Nyala, capitale du Darfour du Sud et lien stratégique entre la RCA et le Soudan. Les RSF contrôlent Nyala depuis octobre 2023.
En plus des efforts de recrutement des RSF, la contagion de la guerre au Soudan a d’autres effets en RCA. La région frontalière d’Am Dafok/Umm Dafog est un passage crucial pour le transport des biens depuis les ports du Soudan jusqu’aux zones orientales de la RCA sans littoral. La guerre du Soudan perturbe ce commerce et fait augmenter considérablement le prix des aliments et d’autres ressources, à Vakaga et ailleurs.
Les experts onusiens en RCA exhortent le gouvernement de Bangui à interdire l’accès du territoire aux recruteurs et aux combattants étrangers des RSF, et à stopper l’afflux des armes alimenté par le conflit soudanais.
La traversée de la frontière entre la RCA et le Soudan par les combattants et les armes, et les frappes aériennes des SAF à titre de riposte, posent « une menace grave et durable à la stabilité régionale », signalent les experts.