En 1910, dans la ville américaine de Gulfport (Mississippi), un jeune garçon appelé John Robinson observa un hydravion amerrir dans une baie près de chez lui. Le garçon vit le pilote effectuer des acrobaties aériennes pour les spectateurs et il sentit que sa destinée allait changer.
John Robinson décida que sa mission serait d’apprendre à piloter. Sa mère lui expliqua que ce but était quelque peu inhabituel pour un jeune afro-américain au début du 20ème siècle. Cela ne fit que raffermir sa résolution.
M. Robinson montra qu’il possédait une compréhension excellente des machines et il fut finalement accepté au prestigieux Tuskegee Institute, collège pour Noirs américains, pour obtenir un diplôme de mécanicien automobile. Nullement découragé par les défis auxquels il faisait face à cause des préjudices, il alla à Chicago et porta sa candidature à l’école d’aviation Curtiss-Wright, en pensant que les opinions concernant un pilote noir pourraient être plus libérales dans le Nord de l’Amérique.
Il avait tort. Sa candidature rejetée maintes fois, il accepta un emploi de concierge à l’école pendant le week-end. Un professeur appelé Bill Henderson nota l’intérêt de M. Robinson et devint son mentor. M. Robinson devint finalement le premier étudiant noir de l’école. Il s’associa avec des enthousiastes noirs de l’aviation qui partageaient la même vision et forma l’Aero-Study Group.
Après avoir obtenu son brevet de pilote, M. Robinson et son associé Cornelius Coffey fondèrent l’Association des pilotes de l’air Challenger pour les Afro-Américains qui voulaient piloter. Il ouvrit aussi l’école d’aviation John Robinson à Robbins (Illinois). Sa plus célèbre contribution à l’histoire de l’aviation américaine fut peut-être de persuader son alma mater, le Tuskegee Institute, d’ouvrir une école d’aviation pour les Afro-Américains, qui formerait finalement les Tuskegee Airmen de la Seconde Guerre mondiale. C’est pour cela que John Robinson est souvent appelé le « père des Tuskegee Airmen ».
En 1935, frustré par le manque d’opportunités pour les aviateurs noirs en Amérique et désireux de soutenir le dernier bastion d’Afrique non colonisé, M. Robinson déclara son intention de se porter volontaire pour défendre l’Éthiopie dans son conflit avec l’Italie. L’empereur Haïlé Sélassié, cherchant désespérément un soutien contre les puissantes forces armées italiennes, nomma M. Robinson officier. M. Robinson accepta et se rendit en Éthiopie. Devenu le colonel John Robinson, il trouva une force aérienne surtout composée de petits aéronefs en bois, non armés.
Le colonel Robinson conduisit l’Armée de l’air éthiopienne dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée contre l’invasion européenne. Il pilota des missions de réapprovisionnement, de renseignement et d’urgence médicale, en réussissant à échapper à un adversaire supérieur. Il était connu à l’époque sous le nom de « Condor brun d’Éthiopie ». Il retourna aux États-Unis en 1936.
Après la Seconde Guerre mondiale, M. Robinson retourna dans l’Éthiopie libérée. Ayant trouvé dans la Suède un partenaire international plus disposé, l’empereur Haïlé Sélassié remit le commandement de l’ETAF à cette nation et M. Robinson fonda une école de pilotage près de la capitale. Son école fournit les premiers pilotes de la ligne aérienne Ethiopian Airlines nouvellement créée, aujourd’hui l’une des sociétés géantes de l’aviation commerciale africaine.
M. Robinson est décédé lors d’un accident d’avion à Addis-Abeba en mars 1954. Il avait 50 ans.
Le major Ryan McCaughan de l’Armée de l’air des États-Unis étudie au collège du commandement aérien et du personnel de l’Armée de l’air des États-Unis à la base aérienne Maxwell en Alabama. Il était précédemment chef adjoint du bureau de la coopération sur la sécurité à l’ambassade américaine d’Addis-Abeba.