PERSONNEL D’ADF
Le Cameroun déploie des troupes sur ses frontières en réponse à une recrudescence des attaques de Boko Haram dans sa région de l’Extrême Nord.
En avril, l’armée a déclaré que des centaines de combattants de Boko Haram avaient envahi l’arrondissement de Mayo-Moskota le long de la frontière du Nord avec le Nigeria et se cachaient dans la brousse. Plusieurs centaines de maisons ont été incendiées, ce qui a laissé des milliers sans abri.
Le jeune parlementaire Platta Baganama a visité Mayo-Moskota après une attaque et essayé d’assurer aux résidents que le gouvernement prendrait des mesures.
« Je connais les défis affrontés par mon peuple », a-t-il dit à Équinoxe TV en mars dernier. « Plus de 100 jeunes ont été tués par les combattants de Boko Haram. Mon peuple souffre. »
Les résidents se sont enfuis dans les montagnes et les forêts environnantes et déclarent que l’activité économique de leur région est paralysée. L’accès à l’eau potable et aux soins de santé est aussi limité.
L’enseignante Marie Claire Wandala déclare que de nombreux élèves ne viennent plus à l’école et sont traumatisés par la violence.
Elle déclare à Équinoxe TV : « Ceux qui vivent maintenant dans la montagne, en particulier les enfants, tombent souvent malades à cause du climat difficile. De nombreux enfants souffrent maintenant d’asthme et de toux. »
Joseph Beti Assomo, ministre de la Défense du Cameroun, a organisé une réunion de sécurité d’urgence dans la capitale de Yaoundé à la fin mars et condamné les attaques qui, selon lui, se produisent presque toutes les semaines.
Il déclare que les milices civiles d’autodéfense ont eu des difficultés pour combattre des milliers d’extrémistes qui entrent au Cameroun à partir du Nigeria depuis janvier.
L’armée du Cameroun a aussi annoncé un déploiement vers sa frontière avec la République centrafricaine (RCA) après avoir déterminé que les rebelles entraient régulièrement dans l’Est du Cameroun pour des approvisionnements après les affrontements avec les gardiens de la paix des Nations unies en RCA.
Bien qu’ils ne soient pas affiliés à Boko Haram, les rebelles de la RCA constituent une menace de sécurité et on signale qu’ils ont enlevé des civils contre rançon dans l’Est du Cameroun.
Le gouvernement du Cameroun continue à rechercher des solutions militaires.
Ses instituts de formation militaire ont annoncé une promotion sortante de 2.500 soldats en mars. À l’époque, le gouvernement disait qu’il s’attendait à former 3.000 soldats de plus au cours des vingt prochains mois pour protéger les civils et leurs biens.
Dans le Nord du Cameroun, la hausse des attaques par les militants de Boko Haram a mis fin à ce qui était une période de paix relativement longue.
Les villageois de la région ont déclaré que l’armée du Cameroun avait commencé à retirer ses troupes après la mort d’Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, dans des combats avec un groupe militant extrémiste dissident en mai 2021.
Après plusieurs mois de luttes fratricides, de redditions en masse et de désarroi, les combattants de Boko Haram semblent retourner en flèche.
Célestin Delanga, chercheur avec l’Institut pour les études de sécurité (ISS) basé en Afrique du Sud, a identifié que les carences importantes dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) du Cameroun faisaient partie du problème.
Les responsables d’un centre DDR dans la ville de Méri au Nord du Cameroun déclarent que les installations ont plus de 2.500 personnes dans un espace conçu pour 150. Ils disent à l’ISS que les installations ne font pas de distinction pour les transfuges.
« En distinguant entre les combattant, les otages, les courriers, les esclaves et les logisticiens, ceux qui restent radicalisés et dangereux sont identifiés », écrit M. Delanga dans un article du 17 avril pour l’ISS.
« La réintégration est vitale pour réduire la menace de l’extrémisme violent et atténuer la montée du crime organisé lié à la présence des associés de Boko Haram dans les communautés. »
Les échecs de la réintégration peuvent parfois conduire à la violence.
« Les anciens associés peuvent faire l’objet de représailles de la part des victimes de Boko Haram, parce qu’aucune poursuite ni réconciliation n’a eu lieu pour prouver leur innocence ou culpabilité », écrit M. Delanga.
Les sources communautaires à Méri, située à environ 40 km au Sud de Mayo-Moskota, déclarent à l’ISS que plus de 100 ex-combattant et membres, désaffectés par leur traitement au centre ou laissés sans supervision dans les communautés, sont retournés vers Boko Haram après la mort de M. Shekau.
« Les mauvaises conditions au centre de Méri dissuaderaient aussi de nombreux combattants de se rendre », écrit-il.