PERSONNEL D’ADF
Le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CACM) a déclaré sa première urgence sanitaire le 13 août, alors que la variole simienne, virus connu généralement sous le nom de variole du singe, se propage dans plusieurs pays qui n’avaient pas signalé de cas auparavant.
C’est une variante du clade I, le plus léthal des deux clades, qui s’est propagée depuis la République démocratique du Congo (RDC) vers le Burundi, le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda. Ces pays ont signalé leurs premiers cas d’infection de variole simienne au cours du mois précédant le 13 août, selon le journal Nature. La RDC a signalé près de 2.400 cas présumés et 56 décès en une semaine seulement, au début août.
Le virus est aussi en hausse en République centrafricaine. Le mois dernier, le gouvernement de ce pays a déclaré une épidémie alors que la maladie se propageait depuis les zones rurales vers la capitale de Bangui, selon le journal kényan The Star.
Le Dr Jean Kaseya, directeur général du CACM, a dit que la déclaration de l’agence faite le 13 août « est une réclamation pour que des mesures soient prises. C’est la reconnaissance du fait que nous ne pouvons plus nous permettre d’être réactifs. Nous devons être proactifs et agressifs dans nos efforts visant à maîtriser et éradiquer cette menace. »
Il dit que cette action mobilisera les ressources et permettra au CACM de créer des partenariats, de renforcer les systèmes de santé, d’éduquer les gens et de conduire des interventions salvatrices.
Le CACM a aussi conclu un accord avec la force opérationnelle de santé de l’Union européenne et le fabricant Bavarian Nordic pour acquérir et distribuer plus de 200.000 doses de vaccin contre la variole simienne en Afrique. Le vaccin nécessite deux doses à quatre semaines d’intervalle. La protection complète a lieu deux semaines après la seconde dose.
Ngashi Ngongo, chef de cabinet du CACM, déclare à Al Jazeera que les autorités conduisent toujours des négociations pour acquérir 2 millions de doses avant la fin de l’année et 10 millions de doses de plus avant la fin 2025.
Le jour suivant la déclaration du CACM, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé une « urgence sanitaire de portée internationale », son niveau d’urgence le plus élevé. C’est la deuxième fois en deux ans que l’OMS émet une alerte sur la variole simienne, selon un reportage d’Al Jazeera.
La variole simienne s’accompagne souvent d’une éruption d’ampoules douloureuses et de picotements sur le visage, les mains, les pieds, le thorax ou les organes génitaux. L’éruption forme une croûte avant sa guérison. Les autres symptômes incluent la fièvre, les frissons, les ganglions enflés, la fatigue, les douleurs des muscles, du dos et de la tête, la congestion nasale, la toux et les maux de gorge.
La maladie provient des animaux mais peut être transmise d’une personne à une autre par contact physique rapproché, notamment par les relations sexuelles, et par contact avec la peau, la salive, le mucus et autres fluides corporels. Le virus peut aussi se propager lors de rencontres face à face, par exemple en parlant ou en respirant, ou par contact avec des objets, des tissus ou des surfaces contaminés.
Le clade I est la forme la plus grave de la variole simienne. L’une de ses variantes est responsable pour la plus récente épidémie en Afrique centrale. Jusqu’à 10 % des personnes infectées perdent la vie dans une épidémie du clade I. Le clade II a provoqué une épidémie mondiale qui a commencé en 2022 et s’est propagée sur toute la planète, mais son taux de survie est plus de 99,9 %, selon les CDC américains. Il est endémique en Afrique de l’Ouest.
Selon l’OMS, les responsables ont enregistré 99.176 cas de variole simienne dans 116 pays ou territoires entre le 1er janvier 2022 et le 30 juin 2024. Parmi ceux-ci, 208 personnes sont décédées.
La réponse est compliquée par les conditions dans la région rétive à l’Est de la RDC. Le nombre de cas est monté en flèche en deux ans ; selon Médecins sans frontières (MSF), il a triplé en 2023. Cette année-là, on a enregistré plus de 14.600 cas présumés, ayant conduit à 654 décès.
Entre janvier et août de cette année, la RDC a recensé environ 14.000 cas présumés et plus de 500 décès. La variole simienne a été constatée dans les camps pour personnes déplacées dans la province du Nord-Kivu.
« Il existe un risque véritable d’explosion, étant donné les énormes mouvements des populations qui entrent et sortent de la RDC », selon MSF.