PERSONNEL D’ADF
Suivant de près la Zambie qui a manqué un paiement sur sa dette d’euro-obligations en novembre, l’Angola pourrait être le prochain pays à déclarer ne pas pouvoir rembourser son énorme dette extérieure, dont près de la moitié est détenue par la Chine.
Ce pays d’Afrique australe a une dette égale à 120 % de son produit national brut. Les paiements de cette dette consomment environ 9 milliards de dollars par an, soit près du quart des revenus nationaux. À mesure que la dette augmentait, la valeur du kwanza (sa monnaie) baissait en même temps que la demande de pétrole, principal produit d’exportation du pays.
La ministre des Finances Vera Daves a déclaré lors de la réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) en octobre : « Même avant le Covid-19, notre situation était très fragile. Nous avons constaté que le cours de nos principaux produits baissait et notre budget en était affecté. La pression exercée sur notre trésorerie est forte. »
Comme la Zambie avant elle, l’Angola se trouve prise à un triple piège : la baisse de la demande mondiale pour ses exportations principales, les exigences en hausse d’une population qui lutte contre le Covid-19, et la pression du remboursement de plusieurs milliards de dollars aux institutions chinoises qui ne souhaitent pas offrir d’allègement de dette important.
Et comme la Zambie, l’Angola a un pourcentage élevé de sa population de 33,4 millions de personnes sans emploi. Parmi les 12,5 millions d’Angolais en âge de travailler, plus de 25 % sont au chômage, selon la Banque mondiale.
L’Angola a passé plusieurs années à emprunter de l’argent pour reconstruire son infrastructure à la suite de plus de 25 ans de guerre civile. Comme pour d’autres pays africains, les établissements chinois ont prêté à l’Angola des milliards de dollars pour construire des routes, des centrales électriques et d’autres projets, et les entreprises chinoises de construction ont effectué les travaux.
À partir du début des années 2000, l’Angola est devenue l’une des principales sources de pétrole pour la Chine.Aujourd’hui, la Chine représente près des deux tiers du marché d’exportation de l’Angola.
La Banque de développement de Chine, qui s’est révélée peu disposée à renégocier ses emprunts, détient 20 milliards de dollars de la dette extérieure de 42 milliards de l’Angola.
Grâce à l’initiative de suspension du remboursement des dettes (DSSI) du G20, l’Angola a obtenu une pause sur le remboursement de 6,2 milliards de sa dette détenue par les membres du groupe.
« C’était crucial pour nous assurer de pouvoir survivre jusqu’à présent », déclare Mme Daves.
Le sort de l’endettement à l’égard de la Banque de développement de Chine demeure incertain. Selon les analystes de la Chatham House du Royaume-Uni, les négociations semblent avoir abouti à une halte de trois ans sur le paiement des intérêts.
Le FMI a fourni à l’Angola 1 milliard de dollars d’aide internationale, y compris 765 millions de dollars pour atténuer les effets du Covid-19. Le FMI a transféré la somme après la renégociation de la dette angolaise à l’égard d’un prêteur qui est resté non identifié. Beaucoup de banques chinoises exigent que les emprunteurs africains signent des accords de confidentialité dans le cadre de leurs emprunts.
Le FMI a qualifié de viable la dette de l’Angola en septembre, mais il a noté qu’elle était « très sensible à un accroissement additionnel de la volatilité des cours du pétrole ».
Lors d’une interview avec The Africa Report, Mark Bohlund, analyste principal de recherche de crédit pour REDD Intelligence basée à Londres, s’est montré franc dans son évaluation :
« À un certain point, ils manqueront à leurs obligations de paiement. »