PERSONNEL D’ADF
Alors que l’État islamique (Daech) se concentre maintenant sur l’Afrique, l’Afrique du Sud devient un centre de financement pour les opérations du groupe sur le continent. Les responsables du pays déclarent œuvrer pour résoudre cette situation.
On signale que Daech a des cellules à Durban et au Cap qui transfèrent de l’argent à ses opérations ailleurs sur le continent. Ces cellules collectent des fonds à l’aide d’activités illicites telles que les enlèvements contre rançon, le blanchiment d’argent et l’extorsion.
Les opérations financières du groupe en Afrique ont gagné de l’importance au cours des dernières années à mesure que ses opérations noyaux du Moyen-Orient ont diminué du fait des actions militaires qui l’ont privé de territoire en Irak et en Syrie.
Daech avait établi sa puissance financière dans ces 2 pays entre 2014 et 2017 en vendant du pétrole, en extorquant les économies locales et en pillant les banques. Depuis 2019, il s’appuie sur les groupes africains pour obtenir des fonds afin de financer ses activités sur le continent.
Depuis février 2023, l’Afrique du Sud est sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI), organisation internationale contre le blanchiment d’argent basée à Paris. Le GAFI déclare que l’Afrique du Sud a éprouvé des difficultés pour contrôler les activités utilisées pour financer les opérations des affiliés de Daech tels que les chebabs en Somalie et la Province d’Afrique centrale de l’État islamique en République démocratique du Congo.
Le GAFI a identifié 60 lacunes dans le système financier d’Afrique du Sud qui limitent son contrôle des activités de blanchiment d’argent à l’appui des affiliés de Daech sur le continent.
L’Afrique du Sud a adopté des lois telles que la Loi sur la prévention du crime organisé, dans le but de stopper le blanchiment d’argent. Toutefois, selon les observateurs, l’application laxiste de ces mesures anti-blanchiment en Afrique du Sud permet à Daech et à d’autres groupes de transférer l’argent sans faire sonner l’alarme.
« Un certain nombre d’incidents ont malheureusement donné l’impression que l’Afrique du Sud était une plaque tournante du financement du terrorisme », déclare à l’AFP Martin Ewi, coordinateur régional pour l’Afrique australe au projet ENACT sur le crime organisé de l’Institut d’études de sécurité (ISS).
Dans beaucoup de cas, le montant des transactions financières est trop faible pour attirer l’attention. En outre, elles sont conclues par l’intermédiaire du système informel du hawala qui permet de transférer l’argent par un réseau de courtiers sans utiliser des virements bancaires ou autres systèmes traçables.
Ewi déclare à ISS Today qu’il pense que l’Afrique du Sud fait tout son possible pour sortir de la liste grise. Ceci pourrait nécessiter des succès dans les poursuites judiciaires en vertu des lois contre le terrorisme, ajoute-t-il.
Selon lui, un avantage d’être placé sur la liste grise est une meilleure collaboration entre le gouvernement, le secteur corporatif et la société civile en Afrique du Sud pour lutter contre le terrorisme et son financement.
Les voisins de l’Afrique du Sud ont leurs propres expériences avec la liste grise. Le Botswana a été ajouté à la liste en 2018 et retiré en 2022. Le Zimbabwe l’a rejointe en 2019 et en est sorti en 2022. En 2022 aussi, la Namibie et le Kenya y ont été ajoutés.
Le ministère du Trésor d’Afrique du Sud déclare qu’il s’attend à ce que le pays reste sur la liste grise en 2024. Toutefois, les responsables du ministère disent qu’ils examineront certaines des carences dans l’application des lois anti-blanchiment avant la fin octobre, dans le but de sortir de la liste en 2025.
« La mise en œuvre de toutes les mesures restantes et la démonstration que les améliorations sont durables, au plus tard en février 2025, nécessiteront des efforts importants de la part de toutes les autorités sud-africaines pertinentes », écrit le ministre des Finances Enoch Godongwana dans le plus récent document budgétaire.