PERSONNEL D’ADF
Pendant la pandémie de Covid-19, le gouvernement d’Afrique du Sud avait limité l’achat et la consommation d’alcool. Le but était d’alléger le fardeau du système de soins de santé du pays concernant les gens victimes d’un traumatisme lié à l’alcool.
Cela a réussi.
Plus de deux ans plus tard, on prévoit d’appliquer ces leçons à une nouvelle règle de conduite avec une tolérance zéro pour les gens ivres.
Yusuf Abramjee, activiste contre la criminalité, a déclaré au journal sud-africain Fourways Review : « Cela s’est fait attendre depuis longtemps. Beaucoup trop de gens meurent sur nos routes à cause des conducteurs ivres. Nous avons besoin d’appliquer strictement la loi. Nous devons aussi nous assurer que ceux qui sont arrêtés pour conduite en état d’ivresse soient reconnus coupables et punis. »
La proposition qui est maintenant sujette au processus législatif abaisserait l’alcoolémie légale à 0 % pour les conducteurs. Ses sponsors mentionnent les données recueillies lors des confinements de Covid en 2020 et 2021.
Le département des Transports a cité un nouveau rapport qui démontre une connexion nette entre la consommation d’alcool et le nombre d’accidents sur les routes sud-africaines pendant les époques de restriction dues à Covid.
Les chercheurs ont écrit dans le rapport du 30 juin : « Les statistiques des accidents de la route sont influencées directement par le nombre de kilomètres de trajet et la consommation d’alcool, qui étaient tous les deux en forte baisse pendant le confinement. »
« Lorsque le nombre de véhicules sur les grandes routes a chuté dramatiquement après le confinement, comparé à la même période de l’année précédente, il en a été de même pour les accidents mortels. La réduction énorme des accidents mortels pendant la période de Pâques est particulièrement frappante. Lorsque les restrictions ont été relâchées peu à peu, les statistiques des accidents ont recommencé à grimper. »
Le ministre des Transports Fikile Mbalula a annoncé la stratégie de tolérance zéro dans une conférence de presse de 2020.
« Des recherches conduites par la RTMC [Road Traffic Management Corp., corporation de gestion du trafic routier] en collaboration avec le Conseil de la recherche médicale d’Afrique du Sud et l’Université d’Afrique du Sud montrent que l’intoxication alcoolique des conducteurs est responsable pour 27,1 % des accidents mortels dans le pays. »
« On estime que les pertes économiques s’élèvent à 18,2 milliards [de rands, 1,1 milliard de dollars] par an. Nous devons renforcer la loi et nous assurer de sauver en fait la vie des innocents. »
Les estimations des données des soins de santé et de la police montrent que l’alcool est impliqué dans au moins 40 % de toutes les admissions en salle d’urgence. Ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé, selon les analystes et les officiels.
Avant la pandémie, 34.000 cas de traumatisme étaient admis en urgence en Afrique du Sud chaque semaine. Après le premier mois du confinement général, ce chiffre a chuté à environ 12.000 admissions.
Le professeur Charles Parry, qui a analysé la baisse des cas de traumatisme pour le Conseil de la recherche médicale d’Afrique du Sud, a déclaré : « Si nous mettons fin à l’interdiction des ventes d’alcool, nous allons constater environ 5.000 admissions dues à l’alcool dans les unités de traumatologie qui reviendront dans le système [chaque semaine]. »
« C’est un impact considérable. »
Bien que Cyril Ramaphosa, président d’Afrique du Sud, ait approuvé le projet de loi amendé avant qu’il ne soit introduit en 2020, il est toujours sujet au processus législatif avant que la loi n’entre en vigueur.
Il a déclaré en 2020 : « Il existe des liens prouvés entre la vente et la consommation d’alcool et le crime violent, les accidents de voiture et autres urgences médicales, à une époque où toutes les ressources publiques et privées devraient être prêtes à recevoir et traiter un grand nombre de patients de Covid-19. »
« L’alcool est un obstacle dans la lutte contre le coronavirus. »
Consommation d’alcool en Afrique du Sud
- 31 % des personnes de 15 ans ou plus sont consommateurs.
- 59 % sont de gros buveurs ou des buveurs express.
- 26 % des boissons alcoolisées sont fabriquées à la maison ou produites clandestinement.
- Jusqu’à 60.000 points de vente et de distribution sont licenciés.
- Environ 120.000 ne sont pas licenciés.
Source : Rapport de 2018 de l’Organisation mondiale de la santé et rapport de 2016 du gouvernement d’Afrique du Sud