AGENCE FRANCE-PRESSE
Patience Kum traverse à grands pas le terrain d’entraînement de l’Académie Right to Dream (RtD), centre d’excellence du football niché dans la campagne ghanéenne, et accueille les visiteurs avec une poignée de main assurée.
La jeune fille de 14 ans a réussi à convaincre sa mère qu’elle irait à cette école, à 100 kilomètres à l’est de la capitale, Accra, parce qu’on y enseigne plus que le football.
« Ma mère ne voulait pas que j’aille à l’académie parce qu’on pense que les jeunes filles ne jouent pas au foot, mais les enseignants lui ont expliqué que RtD représente une excellente opportunité d’obtenir une bonne éducation », déclare-t-elle.
À RtD, chacun des 93 élèves âgés de 9 à 15 ans s’entraîne au sport et se consacre à ses études. Patience vient d’une famille pauvre de pêcheurs et a attiré l’attention du pensionnat grâce à ses aptitudes pour le football. D’après elle, il n’y a pas que ses tirs au but qui ont évolué au cours des trois dernières années.
« Avant, je ne pouvais même pas parler en public », déclare-t-elle.
« Bien sûr, je voudrais jouer pour les Black Stars [l’équipe nationale du Ghana] mais les filles ne gagnent pas assez en jouant au football pour que je puisse subvenir aux besoins de ma famille. … Je rêve de devenir comptable. »
Les garçons finissent leur séance d’entraînement alors que le soleil se couche derrière les collines surplombant le fleuve Volta. Pour eux, le football c’est le chemin de la richesse et ils visent un contrat avec un club européen.
L’académie, fondée en 2000 par Tom Vernon, président du club danois FC Nordsjaelland, est réputée dans toute l’Afrique et au-delà. Mais les études passent avant la célébrité : elles constituent une alternative essentielle en cas de blessure ou si les joueurs échouent sur le terrain.
« Les joueurs ghanéens se retrouvent coincés en Europe ou en Asie ou ailleurs », déclare Ibrahim Sannie Daara, porte-parole de la Fédération du Ghana de football, qui compte plus de 40.000 joueurs titulaires dans ses registres.
« Beaucoup de jeunes africains ont des histoires tragiques ; ils sont victimes d’abus, parce que le continent ne possède pas les structures et les opportunités appropriées pour qu’ils réalisent leur potentiel », ajoute le directeur de RtD James Meller.