PERSONNEL D’ADF
Après 18 ans et trois missions de paix multinationales, la Somalie se prépare à saisir pleinement le contrôle de sa propre sécurité. La Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis), qui a 1 an, se prépare à retirer 2.000 soldats de ce pays déchiré de la Corne de l’Afrique le 30 juin 2023, le premier de trois retraits dans son plan de transition.
L’Union africaine s’est engagée à retirer ses troupes de façon graduelle et stratégique, secteur par secteur, avec le but de mettre fin à l’Atmis au plus tard le 31 décembre 2024. Le Burundi, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda contribuent des soldats pour la mission.
On anticipe que 3.000 soldats de l’Atmis partiront de la Somalie à la date du 30 septembre 2023, et 4.000 de plus sont censés partir plus tard. Les autorités ont reporté le retrait initial des 2.000 soldats de 6 mois sur demande du gouvernement somalien pour que ses soldats puissent achever leur formation à l’étranger.
« Nous voulons achever la préparation de 15.000 soldats avant la fin 2023 », a déclaré Hussein Sheikh-Ali, conseiller à la sécurité nationale du président somalien Hassan Sheikh Mohamoud, lors d’une visite à Washington, D.C., en janvier.
La Somalie a envoyé 3.000 soldats en Érythrée et 3.000 en Ouganda. 6.000 soldats de plus devaient être envoyés en Éthiopie et en Égypte.
La Somalie et les pays qui contribuent à l’Atmis ont un but commun : remettre la sécurité entre les mains des forces somaliennes tout en consolidant et préservant les gains enregistrés contre l’insurrection des shebabs par l’Atmis et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) entre 2007 et 2022.
Amani Africa, groupe de réflexion politique basé à Addis-Abeba (Éthiopie), note dans un rapport du 28 avril que l’Atmis continue à faire face à un « manque de financement grave » alors que la transition continue. Malgré cela, l’Atmis a fait des « progrès notables » en conduisant des opérations cinétiques conjointement avec les forces de sécurité somaliennes contre les shebabs militants depuis août 2022.
« De telles offensives, qui bénéficient en grande mesure du soutien fourni par les communautés locales, ont enregistré des gains sécuritaires importants en remportant des victoires contre les shebabs, en particulier dans les états de Galmudug et Hirshabelle, en réduisant la capacité opérationnelle des shebabs et en reprenant plusieurs villes et villages des mains du groupe », écrit Amani Africa.
Ces succès opérationnels ont conduit au transfert de la base opérationnelle avancée de Maslah aux autorités somaliennes, le premier d’une série de transferts de base qui font partie du plan en quatre étapes visant à transférer complètement les responsabilités de sécurité à la Somalie.
Selon ce plan, les effectifs de l’Atmis diminueraient de 18.586 aujourd’hui à un peu plus de 9.500 à la fin de la période de transition, fin 2024. La Somalie a l’intention d’accroître graduellement ses effectifs de soldats à environ 23.000 et à prendre la relève lorsque l’Atmis cèdera son actif et se retirera complètement.
Pendant les quatre phases, l’Atmis maintiendrait une force de 1.040 policiers et plusieurs dizaines d’employés civils.
À l’approche du premier retrait de troupes, les présidents des pays contributeurs de soldats de l’Atmis se sont réunis le 27 avril à Entebbe (Ouganda) pour discuter de la mission et du retrait prochain. Les responsables ont émis un communiqué à la suite de leur réunion en demandant « un soutien logistique accru pour les forces de sécurité somaliennes » et en réaffirmant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies cherchant une « approche stratégique, graduelle, secteur par secteur du retrait ». Le communiqué a aussi souligné l’importance de la protection des forces, par exemple un soutien aérien. Le document demande aussi que le Conseil de sécurité lève l’embargo d’armes sur la Somalie pour que le pays puisse satisfaire adéquatement à ses besoins de sécurité.
Le conseil avait imposé l’embargo des armes en 1992 en réponse au conflit et à la détérioration des conditions humanitaires, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Depuis lors, l’embargo a été modifié plusieurs fois et restera en vigueur au moins jusqu’au 17 novembre 2023.
Le communiqué a aussi demandé à l’UA et à ses partenaires de fournir un financement adéquat pour soutenir l’Atmis jusqu’à la fin de son mandat. L’Union européenne est le plus gros contributeur de l’Atmis mais elle a réduit son niveau de financement de 154 millions de dollars en 2022 à environ 94 millions en 2023, selon le rapport d’Amani Africa. L’Atmis a constaté une insuffisance totale de son financement de plus de 28 millions en 2022. Cette somme sera considérablement plus élevée en 2023.
Certains observateurs restent sceptiques sur les chances de succès alors que la transition progresse. Un ancien officiel des shebabs qui a fait défection, Omar Mohamed Abu Ayan, a déclaré à Voice of America (VOA) que le groupe militant se retire des territoires lorsque les soldats et les milices approchent dans l’espoir d’essayer de transformer le plan de bataille à leur avantage.
« Ils ne défendent plus les communes, ce qu’ils faisaient avant, a-t-il dit. Au lieu de s’éloigner, ils rôdent autour des forêts près des communes, puis ils envoient des kamikazes dans la ville. »
Malgré tous ces défis, M. Ali a déclaré que le gouvernement somalien aura 24.000 soldats prêts à être engagés l’an prochain. « Il n’y a pas de raison que l’Atmis soit ou continue d’être en Somalie », dit-il à VOA. Il prédit que le gouvernement somalien vaincra les shebabs pendant l’été 2024.
« Notre … objectif principal est qu’en été 2024, avant juin ou juillet, il n’y ait plus de shebabs qui occupent du territoire en Somalie. Vous pouvez en prendre note. »
La Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis) a débuté le 1er avril 2022 en remplaçant la mission de longue date de l’Union africaine en Somalie. Le mandat de l’Atmis cherche à :
• Dégrader les shebabs et autres groupes terroristes
• Assurer la sécurité des centres de population et ouvrir les routes d’approvisionnement principales
• Développer la capacité des forces de sécurité somaliennes pour qu’elles puissent assumer les responsabilités de sécurité à la fin de la période de transition, soit le 31 décembre 2024
• Soutenir les efforts de paix et de réconciliation du gouvernement fédéral de Somalie
• Aider à développer la capacité des institutions de sécurité et de justice, et celle des autorités locales du gouvernement fédéral de Somalie et des états fédéraux membres.