PERSONNEL D’ADF
En 2023, la République démocratique du Congo a enregistré la plus grande hausse mondiale de son budget militaire, alors que les forces locales et internationales ont œuvré pour sécuriser les régions orientales du pays tourmentées par les conflits. Le Soudan du Sud a signalé la deuxième plus grande hausse mondiale.
Les dépenses militaires de la RDC ont augmenté de 105 % pour atteindre 794 millions de dollars, selon le rapport Tendances dans les dépenses militaires mondiales 2023 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
Le rapport note que la hausse des dépenses de la RDC a aussi « coïncidé avec une intensification des tensions avec le Rwanda » et « une action gouvernementale pour renforcer les forces armées de la RDC après la demande de départ précoce de la mission de maintien de la paix à grande échelle de l’ONU dans le pays » (MONUSCO). On anticipe que la mission se sera complètement retirée à la fin décembre.
L’Est de la RDC a été sujet à un calme relatif pendant six mois environ en 2023, mais les combats ont repris dans la province du Nord-Kivu en bordure du Rwanda et de l’Ouganda en octobre.
Le Soudan du Sud a enregistré une augmentation de 78 % de ses dépenses militaires, lesquelles ont atteint plus d’un milliard de dollars l’an dernier. Ces dépenses ont augmenté de 108 % en 2022, selon le rapport du SIPRI ; cette augmentation a été attribuée à « la hausse de la violence interne » et aux défis de sécurité liés à la guerre civile au Soudan voisin.
La violence continue aussi au Soudan du Sud, malgré l’augmentation des dépenses. Le quatrième trimestre 2023 a constaté une hausse du nombre de civils affectés par la violence, comparé au trimestre précédent ; cette hausse s’est poursuivie en 2024.
Une série d’incidents violents à la fin janvier et au début février 2024 a été provoquée par des conflits séparés entre les jeunes gens armés de l’État de Warab et leurs rivaux des états voisins des Lacs et du Bahr el Ghazal oriental, ainsi que dans le territoire contesté d’Abiyé, région administrative contrôlée conjointement par le Soudan et le Soudan du Sud.
Il est prévu que le Soudan du Sud organisera des élections en décembre, la première fois qu’il le fera depuis son indépendance du Soudan en 2011.
Les chercheurs du SIPRI déclarent que les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine ont suscité la hausse des dépenses militaires mais notent que cette hausse est un phénomène mondial constaté sur tous les continents. Les dépenses ont augmenté de 9 % au Moyen-Orient, 16 % en Europe, 4,4 % en Asie et Océanie, 2,2 % dans les Amériques et 22 % en Afrique.
Xiao Liang, chercheur du programme des dépenses militaires et de la production des armes du SIPRI, déclare à DW : « L’augmentation proprement dite n’est pas particulièrement surprenante, mais c’est l’ampleur et la portée de cette augmentation. Pour la tendance mondiale, si les conflits et les tensions actuelles continuent, nous verrons probablement une augmentation plus grande au cours des prochaines années. »
Le Nigeria, qui fait face à de nombreux défis de sécurité en cours, a signalé une hausse de 20 % de ses dépenses militaires l’an dernier. Les pays subsahariens ont augmenté dans l’ensemble leurs dépenses militaires de 8,9 % par rapport à 2022.
Les pays d’Afrique du Nord ont enregistré une hausse de leurs dépenses militaires de 38 % comparé à 2022. Les dépenses de l’Algérie ont augmenté de 76 % pour atteindre 18,3 milliards de dollars, le niveau le plus élevé de son budget militaire depuis 1974. Ceci a été facilité par une hausse dramatique de ses exportations de gaz naturel vers les pays européens, qui n’importent plus de gaz russe, selon le rapport.
Toutefois, le Maroc a enregistré une baisse de 2,5 % de son budget militaire, qui est passé à 5,2 milliards de dollars.