REPORTAGE ET PHOTO JEFFREY MOYO/IPS
Hillary Thompson jette des restes de riz mélangé à la lie de sa bière de sorgho dans une piscine qu’il a convertie en bassin à poissons.
« Depuis une dizaine d’années, la pisciculture est devenue un loisir qui m’a rapporté une fortune », a avoué Hillary Thompson, de Harare, au Zimbabwe, en août 2015. En fait, il a tellement bien réussi qu’il a acquis un certain nombre de propriétés qu’il loue à des tiers.
La pisciculture est en plein essor en Afrique, alors que l’Organisation des Nations Unies exhorte les pays à établir une consommation et des modes de production durables, dans le cadre de ses Objectifs du Millénaire pour le développement, qui expireront en 2015. Les objectifs de développement durable comprennent 17 objectifs, buts et indicateurs, que sont tenus d’utiliser les États membres des Nations Unies comme indicateurs de développement, lors de l’établissement de leurs agendas et stratégies politiques pour les 15 prochaines années.
Au Zimbabwe, selon le ministère de l’Agriculture, environ 22.000 personnes sont impliquées dans la pisciculture. Au Malawi, elles sont 30.000. Les pêcheries fournissent la nourriture qui représente 70 pour cent de la consommation de protéines du pays, dont la population est estimée à 14 millions de personnes.
« J’étais sans ressources quand je suis arrivé à Blantyre, il y a huit ans, mais grâce à la pisciculture, je suis aujourd’hui le fier propriétaire d’une maison en ville », confie Lewis Banda, de Blantyre, au Malawi.
Dans toute l’Afrique, la pêche fournit un revenu direct à environ 10 millions de personnes – dont la moitié sont des femmes – et contribue à nourrir 200 millions de personnes supplémentaires. En Ouganda, par exemple, la pêche en lac rapporte plus de 200 millions de dollars par an. La pisciculture emploie environ 135.000 pêcheurs et 700.000 personnes de plus dans la transformation et le commerce.
Évoquant une pénurie croissante de poissons récoltés traditionnellement, le gouvernement sud-africain a investi 7,8 millions de dollars, en 2014, dans des projets d’aquaculture dans les quatre provinces côtières du pays. Cette année-là, selon le département des Affaires environnementales, 71.000 Sud-Africains ont été impliqués dans l’élevage de poissons.
Des études ont mis en évidence que 9,2 millions de kilomètres carrés, soit 31 pour cent de la superficie de l’Afrique subsaharienne, sont utilisables pour la pisciculture à petite échelle. Vingt-quatre pays de la région sont en proie à une crise alimentaire, soit deux fois plus qu’en 1990. Pour beaucoup d’Africains, la pisciculture pourrait être le seul moyen de surmonter la pauvreté et la faim. « La pisciculture a permis à beaucoup d’entre nous de sortir de la pauvreté », a affirmé Lewis Banda.