La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) continue à priver le golfe de Guinée de ses précieux stocks de poissons et menace les écosystèmes marins nécessaires pour leur survie.
Le major-général Richard Addo Gyane, commandant du Centre international de formation de maintien de la paix Kofi Annan au Ghana, a expliqué sa frustration concernant cette situation pendant une conférence sur la sécurité maritime à la fin novembre.
Environ 5 millions d’habitants de la région dépendent de la pêche pour leur nourriture et leurs revenus, mais depuis plusieurs décennies les chalutiers étrangers industriels et semi-industriels, pour la plupart chinois, ciblent les poissons du golfe de Guinée.
Les chalutiers sont bien connus pour utiliser un équipement illégal, pêcher dans les zones interdites, sous-estimer leurs prises et dissimuler leurs vrais propriétaires pour éviter les sanctions et les amendes. Au Ghana par exemple, les vaisseaux de pêche illégaux battent pavillon ghanéen mais 90 % des chalutiers appartiennent à des sociétés chinoises, selon l’Environmental Justice Foundation (EJF).
Le général Gyane a fait appel à une approche holistique pour combattre ce fléau.
« Le développement durable de l’économie des océans, les améliorations du bien-être des communautés côtières et les engagements et la collaboration entre les agences et les gouvernements sont cruciaux pour réduire l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée », déclare-t-il dans un reportage sur GhanaWeb.
Un nouveau rapport de la Financial Transparency Coalition montre que l’Afrique de l’Ouest, où se produisent 40 % des activités INN mondiales, est devenue l’épicentre mondial de la pêche illégale. La région perd au moins 2 milliards de dollars par an à cause de la pêche INN.
Dans les régions telles que le Ghana, la surexploitation et la pêche illégale ont amené les stocks de poissons au bord de l’extinction. Les stocks des petits poissons pélagiques tels que la sardinelle ont baissé de 80 % au cours des vingt dernières années. L’une de ces espèces appelée sardinella aurita a entièrement disparu, selon l’EJF. La pêche INN est aussi liée à d’autres crimes maritimes tels que la piraterie, la traite humaine et la contrebande de stupéfiants.
Pendant la conférence sur la sécurité maritime, Thomas Mandrup, professeur associé de l’université de Stellenbosch (Afrique du Sud), a déclaré que les pays du golfe de Guinée doivent impérativement concevoir et aligner des stratégies pour protéger leurs intérêts maritimes, selon le reportage de GhanaWeb.
Cette année, le Bénin, le Ghana et le Togo ont convenu de patrouiller conjointement et de partager des informations, avec l’appui de l’Agence européenne de contrôle des pêcheries.
Malgré cela, les pêcheurs artisanaux du Bénin continuent en décembre à avoir des difficultés.
Le pêcheur Geoffroy Gbedevi a déclaré à Voice of America (VOA) qu’il devient plus difficile de nourrir sa femme enceinte et sa fille, et que toute sa communauté souffre. Il n’y a tout simplement pas assez de poissons à pêcher.
« Rien ne va comme avant », a-t-il dit à VOA.
Près de la frontière entre le Bénin et le Togo, le leader communautaire Yaya Toshu Koma Benoît déclare que plusieurs dizaines de gens sont partis pour chercher du travail. Il dit qu’une partie du problème est le fait que les vaisseaux qui pratiquent la pêche illégale attrapent souvent des poissons juvéniles.
« C’est pourquoi il n’y a plus de poissons, déclare-t-il à VOA. Si nous pouvons interdire cette pratique, c’est une bonne chose. Il y a beaucoup de pêcheurs qui emploient des filets avec des petites mailles. C’est pour cela qu’il n’y a plus beaucoup de poissons. »
Susan Steele, directrice exécutive de l’Agence européenne de contrôle des pêcheries, reconnaît que davantage d’efforts sont nécessaires.
« La législation, les opérations, la formation et la coopération, déclare-t-elle à VOA. L’un des points clés que vous recherchez, c’est d’assurer qu’il y ait des conséquences pour les gens pratiquant la pêche illégale. »