AGENCE FRANCE-PRESSE
La région sénégalaise de Casamance a une raison d’espérer. De nouvelles maisons parsèment le paysage autrefois dominé par des ruines abandonnées et criblées d’impacts de balle, bien que le spectre d’un conflit de 35 ans hante toujours ses villages.
Les rebelles séparatistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance) commencèrent à se battre pour l’indépendance il y a plus de trente ans, mais ils ont depuis longtemps cessé leurs attaques autrefois fréquentes des forces armées sénégalaises.
Alors que les résidents retournent dans les zones précédemment dangereuses, beaucoup se demandent à quel moment un conflit qui est techniquement en cours, mais presque invisible, prendra fin officiellement.
« Je me suis enfui à [la capitale régionale de] Ziguinchor en 1991 et je suis revenu en 2006. Nous n’avons plus peur. La paix est rétablie », a déclaré Yaya Sané, alors qu’une nouvelle hutte en terre recouverte de bois de palmier était construite dans Toubacouta, son village.
Casamance est une région culturellement distincte au Sud du Sénégal. Aujourd’hui, la vie quotidienne dans la région semble très éloignée de ce qu’elle était au point culminant du conflit, lorsque des milliers étaient tués, mutilés par les explosions de mine ou déplacés par les combats.
Sur la route entre Ziguinchor et Toubacouta, on franchit toujours des barrages routiers de l’armée sénégalaise au bord des nombreuses rizières de la région, mais les soldats n’ont pas grand-chose à faire en ce moment. « La dernière attaque sur le village s’est produite en 2000 », indique Lamine Sané, qui vit dans le même hameau.
Ceux qui ont participé aux longues négociations de paix déclarent que rien ne peut entraver les discussions entre les deux camps, mais avec une détente tentative, il n’y a officiellement aucun progrès.
« Aujourd’hui, il n’y a pas de vols ou d’affrontements entre l’armée et le MFDC », déclare Moussa Cissé, personnalité de la communauté participant aux efforts de paix. « Tout ce qui reste à faire, c’est de s’asseoir et de négocier… pour conclure un accord de paix définitif. »
L’intérêt de Dakar pour mettre fin au conflit a augmenté depuis l’élection du président Macky Sall en 2012. Selon les experts, la perspective d’une résolution permanente de la situation de Casamance s’est aussi améliorée avec le départ en janvier 2017 de Yahya Jammeh, l’homme fort de Gambie. M. Jammeh, dont le pays est entouré par le Sénégal, était depuis longtemps accusé d’héberger et de financer les rebelles du MFDC.
« Certaines factions ne sont pas d’accord », a déclaré à l’Agence France-Presse une source proche des rebelles, « mais la majorité du MFDC a aussi montré son souhait de réunir toutes ces factions et de négocier ensemble ».
Un responsable local a déclaré à l’AFP que des projets routiers, éducatifs et agricoles étaient tous lancés, et que les logements et les entreprises étaient plus nombreux que jamais. L’élan de la paix, a-t-il déclaré, est « irréversible ».