PERSONNEL D’ADF
Abie, le fils d’Ellen Pakkies, avait commencé à changer lorsqu’il avait treize ans. Il était devenu violent et imprévisible. Il était devenu dépendant de la méthamphétamine, appelée « tik » en Afrique du Sud.
Mme Pakkies, qui vit au Cap dans la communauté de Lavender Hill, a fini par tuer son fils en 2007 pour échapper à la torture de vivre avec ses explosions émotionnelles, ses attaques violentes et ses demandes d’argent pour nourrir sa dépendance.
Cette histoire a choqué une nation, en particulier dans la région du Cap-Occidental, qui est devenue un point sensible pour l’abus et le trafic de cette drogue. Dans cette affaire d’une haute visibilité, la mère a reçu une condamnation avec sursis et a suscité l’examen du système de soins de santé et ses difficultés pour traiter un nombre croissant de toxicomanes.
Mme Pakkies a déclaré au Sunday Independent en 2021 : « Les choses qu’il a volés n’étaient pas importantes pour moi. C’était lui qui était important pour moi. J’ai essayé de lui faire sentir qu’il appartenait quelque part, mais il n’a jamais vu les choses comme ça. »
Un rapport récent de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime montre une croissance spectaculaire de la consommation de cette drogue en Afrique du Sud entre 2017 et 2022. Elle est appelée « tik » à cause du bruit de tic-tac qu’elle émet lorsqu’elle est chauffée pour être fumée.
Elle est peu chère et facilement accessible. Ces deux faits ont provoqué dans le pays depuis une dizaine d’années une hausse de sa consommation, laquelle ne montre aucun signe de ralentissement.
Entre 2017 et 2019, l’Afrique du Sud avait signalé des saisies de moins de 1.000 kg à sa frontière du Nord avec le Zimbabwe. En 2022, les saisies frontalières ont baissé mais celles dans des dizaines de sites du pays ont augmenté pour atteindre plusieurs milliers de kilos.
Le même rapport a découvert une forte croissance de la consommation et du trafic de la drogue dans plusieurs autres pays africains, notamment le Mozambique et la Tanzanie, ainsi que le long de la frontière du Bénin avec le Nigeria entre Porto-Novo et Lagos.
Dans bien des cas, les toxicomanes sont des ados dont le cerveau en cours de développement peut être altéré dramatiquement et de façon permanente, puisque la drogue affecte le cortex frontal. Ce dernier contrôle le jugement, la réflexion abstraite, la créativité et le contrôle de soi dans des situations sociales.
Le chercheur sud-africain Paul Kerry déclare sur Journeyman TV que ses études IRM des cerveaux des toxicomanes ados ont suscité des inquiétudes sur leur développement futur. Les cerveaux des adolescents continuent à se développer jusqu’à ce qu’ils atteignent le milieu de la vingtaine.
« Nous aurions généralement anticipé que les antécédents de consommation de drogue soient beaucoup plus longs pour créer ces effets, dit Paul Kerry. Le fait que nous les constatons dans cette phase précoce du développement du cerveau, une phase particulièrement vulnérable du développement du cerveau pendant l’adolescence, est inquiétant. »
Au cours du premier semestre 2022, 2.270 personnes ont commencé un traitement pour dépendance de stupéfiants au Cap-Occidental, selon le Réseau d’épidémiologie de la communauté sud-africaine sur la consommation de drogue. Ce rapport montre que les raisons principales pour suivre un traitement sont : « tik » – 35 % ; cannabis – 24 % ; alcool – 18 % ; héroïne – 7 %. Au total, ces drogues représentent 84 % des causes de traitement.
La violence physique et émotionnelle due à la dépendance à la méthamphétamine est subie par les familles des toxicomanes.
Bernadine Bachar, directrice du Saartjie Baartman Centre for Women and Children, a récemment déclaré sur la chaîne sud-africaine News 24 que le programme de réhabilitation de son organisation pour les survivants de la violence sexiste a constaté une croissance de la dépendance à cette drogue parmi ses clients.
« En fait, toutes les demandes actuelles de placement concernent les survivants souffrant d’une dépendance à la méthamphétamine, a-t-elle dit. Notre programme est toujours plein. »