PERSONNEL D’ADF
Des combattants libyens ont été découverts dans un camp d’entraînement sud-africain, ce qui suscite un grand nombre de questions et de préoccupations. Les analystes demandent s’il existe d’autres installations d’entraînement dans le pays, ou si le maréchal Khalifa Haftar de Libye prépare une attaque qui ravivera et internationalisera le conflit dans son pays.
Le 16 juillet, les autorités sud-africaines ont détenu 95 ressortissants libyens qui, selon elles, étaient entrés dans le pays avec des « visas d’étudiants » mais qui ont été découverts en train de suivre une formation militaire à White River, à environ 360 km de Johannesbourg. Milites Dei Security Services, la société de gérance du camp, est sujette à suspension en attendant les résultats d’une enquête. Les accusations retenues contre les gens qui suivaient une formation ont été plus tard abandonnées et ils ont été déportés au mois d’août, mais des questions se posent toujours sur l’identité et l’objectif de ceux qui les avaient envoyés dans le pays.
Willem Els de l’Institut d’études de sécurité a déclaré dans une interview télévisée sur Newzroom Africa : « Si nous considérons la Libye, c’est actuellement un pays en conflit, un état en faillite. Le gouvernement d’unité nationale contrôle moins de 20 % du territoire. Qui donc a envoyé ces gens ici ? Proviennent-ils du gouvernement d’unité nationale ? Ou proviennent-ils de l’une des autres milices ? Parce que cela changera les règles du jeu et le rendra un peu plus sérieux. »
Le gouvernement libyen d’unité nationale, basé à Tripoli, a nié tout lien avec ces combattants et plusieurs rapports les ont liés au maréchal Haftar. Le Libya Observer indique que ces hommes faisaient partie du groupe 20/20 notoire de la brigade Tariq Ben Ziyad (TZB), qui soutient le maréchal et qui est dirigée par son fils Saddam.
Amnesty International déclare que la TZB est apparue en 2016 ; elle est responsable pour un « catalogue d’horreurs », notamment des tortures, des viols, des enlèvements et des assassinats. Les médias locaux ont signalé des incidents de vol à main armé et de viol en Afrique du Sud près du camp d’entraînement ; ces incidents pourraient être liés aux hommes qui ont été attrapés là-bas. Des rapports indiquent qu’ils ont passé un certain temps dans la localité, qu’ils buvaient beaucoup et qu’ils menaçaient de tirer sur les habitants.
Un résident a déclaré sur Sowetan Live : « Nous ne savions pas ce que les gens de ce pays faisaient dans notre contrée. L’idée que les gens qui viennent dans notre village sont des soldats en formation nous a effrayés et certains ont entrepris d’informer la police. »
Julian Rademeyer de la Global Initiative Against Transnational Organised Crime déclare qu’il semblerait que le groupe ait eu l’intention de s’entraîner en Libye mais les formateurs ont refusé et ont demandé aux combattants de se rendre en Afrique du Sud.
Il dit à news24 : « On indique que divers groupements s’arment et s’entraînent, dans l’idée qu’un conflit pourrait être proche. »
Le maréchal Haftar et ses forces, notamment les mercenaires du groupe Wagner de Russie, avaient essayé de capturer Tripoli en 2019 mais ils ont été arrêtés dans les faubourgs de la capitale. Ils ont été forcés de battre en retraite lorsque le gouvernement libyen a reçu l’appui de la Turquie. Certains observateurs craignent que la découverte du camp d’entraînement signifie que le maréchal prévoit un autre assaut contre la capitale.
Tarek Megerisi, expert de la Libye au Conseil européen pour les relations internationales, a déclaré au Daily Maverick : « Je suis vraiment inquiet que la Libye ne se désagrège très rapidement. Au cours des dernières semaines, les organismes politiques se sont tous fracturés et la concurrence entre eux est devenue plus acrimonieuse. Les forces armées sont mobilisées et les troupes de Haftar avancent vers l’Ouest. L’Algérie est dans un état d’alerte élevé, le plus grand champ de pétrole est fermé et les Haftar ne cachent pas qu’ils prévoient de revenir à Tripoli. »