PERSONNEL D’ADF
L’Afrique a signalé 1 million de nouveaux cas positifs de Covid-19 au cours du dernier mois. C’est la hausse la plus rapide du nombre de cas depuis le début de la pandémie, largement due au variant Delta.
Le nombre de décès est aussi en hausse, ayant augmenté de 44 % en cinq semaines pour atteindre plus de 155.500 en date de la mi-juillet. Plusieurs études conduites en Afrique suggèrent que le nombre réel de décès du Covid-19 est beaucoup plus élevé que ne l’indiquent les rapports officiels.
« Alors que cette hausse se propage en Afrique, nous constatons le coût brutal des pertes en vies humaines », a déclaré le Dr Rebecca Moeti, directrice du bureau régional africain de l’Organisation mondiale de la santé, lors d’une récente conférence de presse.
Le variant Delta s’est manifesté dans 21 pays. Les cinq pays qui signalent les nombres les plus élevés de nouveaux cas positifs sont l’Afrique du Sud, la Tunisie, la Zambie, la Namibie et le Zimbabwe. Ils représentent 64 % des cas positifs du variant Delta sur le continent. L’Afrique du Sud et la Zambie n’ont plus de lits pour les malades nécessitant des soins intensifs.
La hausse due au Delta provoque une augmentation rapide des hospitalisations, ce qui paralyse les systèmes de santé qui avaient déjà des difficultés pour fournir les services essentiels à leurs communautés. Les hôpitaux ont environ le tiers de l’oxygène médical dont ils ont besoin, selon le Dr Moeti.
L’augmentation de l’approvisionnement en oxygène est une priorité pour l’OMS, dit-elle.
Elle note que le continent avait nécessité trois mois pour passer de 4 à 5 millions de cas positifs. En date de la mi-juillet, le nombre de cas s’élève à 6,1 millions, selon les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies.
Le Dr Moeti appelle les nouveaux chiffres « un triste jalon ».
Le Dr John Nkengasong, directeur des CDC africains, déclare que l’accès au vaccin reste le plus grand défi à relever pour vaincre la plus récente vague de Covid-19. Pour le moment, seulement 1 % des 1,3 milliard d’Africains sont pleinement vaccinés. Beaucoup d’autres sont partiellement vaccinés après avoir reçu une seule dose d’un vaccin à deux doses.
Le déploiement du vaccin en Afrique reste figé à environ 3 millions de doses par semaine, chiffre qui doit augmenter selon le Dr Moeti.
Pour renforcer l’approvisionnement africain en vaccin, on s’attend à ce que la société sud-africaine Aspen Pharmacare commence au mois d’août à déployer les premières des 400 millions de doses du vaccin à dose unique de Johnson & Johnson fabriquées localement. Le vaccin sera distribué par l’African Vaccine Acquisition Task Team aux pays du continent.
Le vaccin de J&J s’est révélé efficace contre le variant Delta, comme les vaccins à deux doses de Pfizer, Moderna et AstraZeneca.
Les gens qui reçoivent le vaccin de J&J sont pleinement vaccinés dans un délai de deux semaines après l’injection. Dans le cas des vaccins à deux doses, la vaccination complète se produit deux semaines après l’administration de la deuxième dose. Jusqu’à ce que la vaccination soit complète, les gens risquent toujours de contracter le virus du Covid-19.
Chaque nouveau cas positif offre pour le virus une opportunité de mutation pour se transformer en nouveau variant potentiellement létal. Puisque l’approvisionnement en vaccin est toujours limité, les responsables africains de la santé publique continuent à souligner le besoin pour les gens de se protéger d’autres façons.
Toutefois, la désinformation continue à affecter les efforts de santé publique visant à demander aux gens de prendre leurs précautions, ce qui entraîne que les personnes souffrant d’un cas grave de Covid-19 sont admises aux hôpitaux, selon le médecin namibien Ismael Katjitae.
Les CDC africains et le fournisseur de téléphones mobiles MTN ont récemment annoncé la campagne de marketing « Encore un effort » pour exhorter les personnes non vaccinées à continuer à utiliser le masque, à se laver les mains et à pratiquer la distanciation physique pour empêcher la propagation du Covid-19.
Ralph Mupita, PDG de MTN, a déclaré que la nouvelle campagne était due à la difficulté pour l’Afrique d’acquérir le vaccin.
« Nous avons pensé que nous devions retourner aux principes fondamentaux, déclare M. Mupita. Le port du masque est l’un de ces principes. »