VOICE OF AMERICA
Pour la première fois depuis trois ans, la frontière entre le Nigeria et le Cameroun est complètement ouverte. Les officiels des deux pays se sont réunis dans la capitale camerounaise de Yaoundé en décembre 2016 pour examiner les questions de sécurité et ont déclaré que la réouverture était un signe manifeste de progrès dans la lutte contre Boko Haram.
« Seul un environnement sécuritaire peut fournir [une] avenue aux activités de négoce et de commerce importantes, ainsi qu’un échange libre de biens et de services », a déclaré le général Abba Mohammad Dikko, chef de la délégation nigériane.
« La coopération et le soutien indéfectibles du Cameroun ont vraiment réduit la menace de la secte Boko Haram sous tous ses aspects », a-t-il ajouté. « Le succès contre Boko Haram mettra un terme au mouvement des réfugiés à travers les frontières et créera un environnement propice au retour et au rapatriement des déplacés internes vers leurs terres ancestrales. »
L’insurrection de Boko Haram a commencé au Nord-Est du Nigeria en 2009, pour se propager finalement aux pays voisins du Cameroun, du Tchad et du Niger. Le conflit a déplacé 2,7 millions de personnes, selon l’Organisation des Nations unies. Au moins 20.000 personnes ont été tuées.
La fin du conflit, bien qu’elle soit bienvenue, posera de nouvelles questions, a déclaré le professeur Saibou Issa, historien et membre de la délégation du Cameroun.
« Nous savons aujourd’hui que des milliers de personnes, notamment de jeunes hommes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad, avaient rejoint Boko Haram », a déclaré M. Issa. « Alors que les attaques de Boko Haram diminuent progressivement, il est peut-être temps de penser à la façon dont les états vont gérer ces jeunes. La gestion des justiciers qui contribuent de beaucoup à la lutte contre Boko Haram présente un défi. »
Les zones frontalières du Nord du Cameroun ont été durement affectées par l’insurrection. L’agriculture et le commerce ont cessé de fonctionner. La zone commence maintenant à reprendre vie lentement, déclare Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région de l’Extrême Nord du Cameroun.
« Nous avons reçu l’autorisation des chefs d’état d’ouvrir la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, et les gens sont très heureux », déclare M. Bakari. « Les écoles sont à nouveau ouvertes. Nous avons des camions qui viennent de Maiduguri vers N’Djaména en passant par Fotokol, Cameroun, et du Cameroun au Nigeria. »
Les préoccupations de sécurité continuent, et les deux pays avertissent de l’utilisation continuelle par Boko Haram des femmes kamikazes, ce que les officiels décrivent comme étant les derniers coups de fouet d’un monstre sur le point de mourir.