PERSONNEL D’ADF
Des pirates ont attaqué un pétrolier-chimiquier danois appelé Monjasa Reformer en mars, à environ 140 milles marins au large des côtes de la République démocratique du Congo.
Les autorités ont plus tard retrouvé le navire au large des côtes de Sao Tomé-et-Principe mais six membres de l’équipage, sur un total de seize, avaient été enlevés. L’attaque a souligné le fait que, bien que la piraterie soit en baisse dans le monde et en Afrique, cette menace n’a pas été éliminée.
Les marines des pays d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs, y compris la marine danoise, ont récemment intensifié leurs patrouilles dans la région mais Danish Shipping, une organisation de propriétaires de navires, fait appel à davantage de mesures.
« La situation actuelle montre clairement que la plupart des pays de la région n’ont pas les ressources ou les capacités nécessaires pour répondre à un tel incident », a déclaré l’organisation peu après l’attaque.
Des approches terrestres
Un rapport récent sur le blog MariTimesCrimes affirme que, bien qu’une meilleure coopération régionale et internationale en matière de sécurité maritime soit efficace, les gouvernements devraient aussi œuvrer pour faire face aux causes terrestres de la piraterie. Le rapport a analysé les facteurs qui contribuent à la piraterie en Somalie et en Indonésie.
Dans les eaux somaliennes, autour de la Corne de l’Afrique et dans le golfe de Guinée, les gens qui commencent à pratiquer la piraterie sont souvent des pêcheurs de petite échelle dont le territoire a été envahi depuis des dizaines d’années par les flottes de pêche étrangères en eaux distantes qui pêchent souvent illégalement. Les flottes étrangères emploient typiquement des pratiques destructrices pour attraper sans discrimination le plus de poissons possible tout en détruisant les écosystèmes qui sont cruciaux pour la survie de nombreuses espèces.
De ce fait, les stocks de poissons diminuent autour du continent et les communautés de pêche locales ont des filets vides. Ceci a forcé certains pêcheurs artisanaux à se tourner vers d’autres moyens de subsistance, par exemple en rejoignant une bande de pirates, avec des revenus qui peuvent être jusqu’à cinq fois plus que ceux de la pêche légale.
Le rapport de MariTimesCrimes demande aux gouvernements d’investir dans les programmes de développement de l’infrastructure, de connectivité et de bien-être social pour affronter les problèmes socioéconomiques qui alimentent la piraterie.
« Ceci inclut l’amélioration de l’éducation, des soins de santé, des opportunités d’emploi et des moyens de subsistance durables dans les régions côtières affectées, selon le rapport. En aidant à créer un cadre juridique robuste, en améliorant les capacités de police et en renforçant les structures de gouvernance, la stabilité à long terme des pays affectés s’améliorera. »
Des efforts améliorés, des résultats positifs
Le rapport de MariTimesCrimes exhorte aussi les états côtiers à améliorer leurs efforts de sécurité maritime tels que les patrouilles navales, la collaboration avec les marines internationales, les gardes côtières et les agences de police locales.
C’est le cas dans de nombreuses régions du continent.
Les centres de sécurité maritime tels que le Centre de fusion des informations maritimes régionales à Madagascar, le Centre régional pour la coordination opérationnelle aux Seychelles et le Centre régional de vigilance, contrôle et surveillance du Ghana recueillent tous les données des navires de pêche soupçonnés de commettre des crimes en mer. Leurs informations aident souvent les alliés locaux, régionaux et internationaux à collaborer pour les arrestations en mer.
Une telle collaboration a fourni des résultats positifs. Selon l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, il y a eu 81 incidents de piraterie dans le golfe de Guinée en 2020, ce qui en a fait le premier point sensible du monde pour la piraterie et la pêche illégale. Toutefois, il n’y a eu que 34 incidents de piraterie en 2021 et 19 en 2022.
La baisse de la piraterie fait plaisir aux analystes tels que Michael Howlett, directeur du Bureau maritime international (BMI), qui déclare que davantage d’efforts doivent être faits.
Il a déclaré à defenceWeb à la fin 2022 : « Bien que le BMI applaudisse ces mesures, il fait aussi appel aux états côtiers du golfe de Guinée pour qu’ils accroissent leur collaboration et leur présence physique dans leurs eaux afin d’assurer une solution à long terme et durable pour faire face au crime de piraterie et de vol à main armée dans la région. »