Les terroristes de Boko Haram ont assassiné 20 jeunes hommes au Nigeria dans l’une de plusieurs attaques commises au début juin contre les localités montagneuses du Shiroro, dans l’État de Niger.Les témoins de la localité de Bassa déclarent que les combattants de Boko Haram ont conduit une attaque en plein jour le 6 juin. Ils ont abattu les victimes de très près et en ont décapité dix. Les résidents ont été forcés de tenir les têtes coupées alors que les terroristes prenaient des photos et des vidéos.
Un témoin anonyme a déclaré au journal nigérian en ligne Premium Times : « Ils nous ont dit que tous ceux qui refuseraient d’être recrutés dans leur groupe recevraient un traitement similaire. Ils ont dit qu’ils utilisaient les dix jeunes décapités comme exemple. Ils ont déclaré qu’ils nous avaient averti que tout le monde devait partir de la commune, mais que nous avions refusé. Ou bien nous les rejoignons, ou bien nous partons. »
Boko Haram a aussi incendié des maisons et tué des animaux domestiques dans quatre autres communes de Shiroro pendant cette campagne de terreur de deux jours. Les analystes déclarent que les terroristes se sont peu à peu regroupés dans la région centrale du Shiroro après avoir été chassés du Nord-Est du Nigeria.
Le capitaine de la Marine nigériane Umar Bakori (à la retraite) déclare qu’il est probable que le groupe soit attiré par l’emplacement stratégique du Shiroro, son sol fertile et l’abondance de l’or et du cuivre.
Il déclare sur TruthNigeria.com : « Environ 90 % des habitants du comté du Shiroro sont des cultivateurs. Si Boko Haram contrôle le Shiroro, il aura accès à de vastes territoires avec des gisements minéraux et des terres agricoles. »
Ceci leur fournirait des revenus et des ressources en quantité plus que suffisante pour continuer leur terrorisme, selon lui.
Vers la mi-avril, Boko Haram a été accusé d’avoir assassiné et décapité neuf personnes au cours d’embuscades dans au moins quatre communes agricoles du Shiroro. Un nombre inconnu de soldats nigérians sont morts quelques jours auparavant lorsqu’un véhicule militaire a fait éclater un engin explosif improvisé. Les attaques ont chassé les forces militaires nigérianes hors de la région. Des centaines de résidents se sont aussi enfuis.
Yahuza Allawa, résident du Shiroro, a déclaré au journal nigérian Punch : « Nous quittons nos communautés maintenant et il n’y a pas assez de motos et de véhicules pour nous transporter le plus vite possible. Nous avons peur. Nous avons laissé nos biens derrière nous parce que nous ne pouvons pas transporter tant de choses. Un très grand nombre de personnes sont déjà parties. »
Emmanuel Umar, ex-commissaire de la sécurité interne dans l’État de Niger, déclare qu’il est probable que Boko Haram cherche à dupliquer la situation qu’il avait jadis exploitée dans la forêt de Sambisa et son terrain accidenté, au Nord-Est du pays. Le groupe terroriste était bien connu pour enlever les jeunes filles dans la forêt et lancer des attaques contre les forces de sécurité à partir de là avant de disparaître sous la canopée dense.
« Ils veulent créer un refuge où ils peuvent planifier et lancer des attaques sans peur d’être capturés », déclare M. Umar sur TruthNigeria.com.
La forêt de Sambisa était la base principale de Boko Haram avant qu’il n’en soit chassé par un groupe rival, la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (PAOEI) en 2021.
Boko Haram avait conservé une présence dans le Shiroro depuis 2014, mais il a récemment intensifié ses opérations là-bas.
« Pendant plusieurs années, ils ont gardé un profil bas, en se regroupant et remaniant leur stratégie, déclare M. Bakori sur TruthNigeria.com. Maintenant, ils essaient d’établir un bastion dans le Shiroro. »
M. Bakori déclare que l’armée nigériane est incapable de défendre adéquatement le Shiroro parce qu’elle manque d’effectifs et de matériel. Il suggère que les femmes et les hommes du Groupe vigilant du Nigeria (VGN) pourraient complémenter les activités militaires au Shiroro. Le journaliste Mohammed Anka donne crédit au VGN pour aider à enrailler la violence récente.
Les activités de Boko Haram dans l’État de Niger ne se bornent pas au Shiroro.
Le groupe est accusé d’une attaque contre le village de Kuchi, dans la commune de Munya, où huit personnes ont été assassinées et au moins 160 enlevées à la fin mai.
Aminu Najume, président du gouvernement local, déclare qu’au moins 300 hommes armés sont arrivés sur des motos et son restés pendant plusieurs heures.
« Ils ont fait un feu pour combattre le froid parce qu’il pleuvait pendant toute la journée, déclare-t-il à CNN. Ils ont préparé de la nourriture et du thé ; ils ont préparé des nouilles Indomie (nouilles instantanées) et des spaghettis. »
En date d’octobre 2023, Boko Haram contrôlait 42 localités à Munya et dans le Shiroro, selon le sénateur Musa Sani qui représente le district du Niger de l’Est, État de Niger.
Dans un reportage du journal nigérian Business Day, le sénateur déclare : « Les terroristes de Boko Haram arborent leur drapeau dans les nombreux villages qu’ils ont capturés, notamment Kaure, Alawa et Magami. Les habitants de ces lieux déchirés par la guerre de l’État ont été abandonnés à leur sort, ce qui les force à croupir dans une agonie perpétuelle et une misère abjecte. »