Depuis leur déploiement avant les élections municipales de l’an dernier, les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Mozambique ont développé des liens étroits avec les résidents du district de Quissanga, dans la province fragilisée du Cabo Delgado.Les forces de sécurité et les résidents ont instauré une confiance suffisante pour échanger des renseignements sur les terroristes qui avaient établi de petites bases dans une région en bordure de Mucojo, dans le district de Macomia. Les terroristes se déplacent aussi fréquemment dans d’autres zones de Quissanga, selon des reportages locaux.
« Ces soldats que nous avons maintenant n’ont pas de problème avec la population, ils disent même que si on entend des mouvements étranges, on devrait le leur dire et vice-versa », déclare la résidente Tima Saide sur le site web de presse Carta de Moçambique.
Lors de leurs déploiements précédents à Quissanga, les FDS avaient été accusées de violences sexuelles contre les femmes et de mauvais traitement des civils. Ces accusations nuisaient aux relations civilo-militaires.
« Ces jours-ci, je n’ai rien entendu sur les attaques contre les femmes ; peut-être y en a-t-il eu à l’époque, on ne sait pas, mais l’armée a gagné ici la sympathie de tout le monde », déclare sur le site web Mohamed Nsilimo, un autre résident.
L’harmonie entre les FDS et les résidents de Quissanga est importante car l’État islamique a récemment intensifié ses attaques au Cabo Delgado, y compris à Quissanga qui avait été brièvement capturée en mars dernier. Les combattants rebelles avaient décapité trois membres des forces de sécurité dans une île de l’archipel voisin des Quirimbas pendant l’attaque.
La montée de la violence a provoqué le déplacement de près de 100.000 personnes entre le début février et le mois de mars après le lancement de nouvelles attaques vers le Sud par les combattants de l’État islamique à partir de leur base dans la région côtière centrale du Cabo Delgado, selon l’agence onusienne Organisation internationale pour les migrations. Plus de 61.000 des personnes déplacées étaient des enfants. Save the Children l’a qualifié de plus grand déplacement d’enfants au Cabo Delgado en 18 mois.
L’organisation humanitaire déclare sur son site web : « Le conflit au Cabo Delgado, aujourd’hui dans sa septième année et sans fin immédiate à l’horizon, a enregistré des pertes dévastatrices en vies humaines. On reçoit de nombreux rapports de décapitations et d’enlèvements, y compris un grand nombre d’enfants victimes. »
La hausse des préoccupations en matière de piraterie a aussi incité les FDS à informer les pêcheurs artisanaux de Quissanga sur la distance à naviguer pour pêcher en toute sécurité. Le secteur mozambicain de la pêche artisanale fournit 50 % des protéines quotidiennes consommées dans le pays, 85 % des prises annuelles de poisson, et les moyens de subsistance pour 50 % de la population des communautés du littoral, selon le Fonds international de développement agricole de l’ONU.
Lorsqu’il y avait un « navire [mozambicain] en mer auparavant, ils ne disaient pas où les gens devaient cesser de pêcher, donc chaque navire était pris pour cible », déclare anonymement un résident à Carta de Moçambique.
Vers la mi-mai, les insurgés ont attaqué la communauté à l’aube et tué dix personnes, pour la plupart des membres des forces de sécurité ; ils ont volé des véhicules, notamment ceux qui appartenaient aux organisations internationales d’assistance, et ils ont pillé les commerces.
De telles attaques s’intensifient alors que les gardiens de la paix de la mission de la Communauté de développement d’Afrique australe au Mozambique se retirent progressivement du pays. Le mandat de la mission prendra fin en juillet.
Depuis janvier 2024, l’État islamique a revendiqué la responsabilité de 57 attaques au Mozambique, comparé à 51 pendant toute l’année 2023, selon l’Institut d’études de sécurité.