THOMSON REUTERS FOUNDATION
Le footballeur le plus décoré de l’Afrique, Samuel Eto’o, lance un appel en faveur d’un financement destiné à aider les personnes à échapper à la violence au Nigeria et au Cameroun, et il a averti que le monde entier était en train de négliger une crise humanitaire qui va s’aggravant en Afrique de l’Ouest.
Une campagne violente engagée il y a six ans par le groupe extrémiste Boko Haram au nord-est du Nigeria a fait des milliers de victimes, a provoqué le déplacement de 2,2 millions de personnes à l’intérieur du pays et a forcé 160.000 Nigérians à chercher refuge au Cameroun, au Tchad et au Niger.
Et pourtant, Samuel Eto’o, attaquant émérite du Cameroun, craint que le conflit et les déplacements provoqués soient ignorés au moment où la crise migratoire qui se développe en Europe accapare l’attention mondiale.
« Il y a différentes catégories de crises à présent… Personne ne semble remarquer les personnes déplacées au Cameroun, au Tchad, au Niger et au Nigeria », a déclaré à Thomson Reuters Foundation le champion, quatre fois joueur africain de l’année et deux fois vainqueur de la Coupe africaine des nations.
« Lorsque vous voyez la population des camps de réfugiés passer de 6.000 à 50.000 personnes en moins d’une année, vous vous rendez compte du degré de gravité de la situation », a-t-il ajouté.
Samuel Eto’o a lancé son initiative « Yellow Whistle Blower Football Club » en mars 2015. Les fonds collectés sont utilisés par l’organisation non gouvernementale Oxfam et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, afin d’aider ces déplacés et d’apporter des vivres, de l’eau et des médicaments aux personnes vivant dans des camps de réfugiés de fortune.
« L’initiative est l’occasion de donner des voix et des visages à toutes les victimes de Boko Haram », a expliqué l’ancien buteur du Real Madrid, de Barcelone, de l’Inter de Milan et de Chelsea. « Les médias ne parlent que du conflit, et pas des gens qui le vivent chaque jour ».
Boko Haram a pris le contrôle de bandes de territoire dans trois États du nord-est du Nigeria début 2015, mais en a été expulsé par les troupes nigérianes avec l’aide du Cameroun, du Tchad et du Niger. À présent les factions du groupe extrémiste fortement fragmenté se sont rabattues sur des tactiques de guérilla, faisant des incursions dans des villages pour s’y approvisionner et faisant exploser des bombes dans les lieux de culte, les marchés et les gares routières.