Africa Defense Forum

Une nouvelle approche de « paix sociale » pourrait-elle résoudre les conflits du continent ?

PERSONNEL D’ADF

Lorsque les experts et les activistes se réunirent récemment pour proposer une approche différente de résolution des conflits en Afrique, ils découvrirent que leur pays hôte, le Burundi, offrait une toile de fond appropriée.

Frédéric Gateretse Ngoga déclara : « Personne ne sait mieux que les habitants de cette région ce qu’est la dévastation de la guerre. C’est une région qui a connu des génocides, donc nous savons ce que cela veut dire. »

L’ambassadeur Ngoga possède les antécédents nécessaires pour faciliter le processus de construction de la paix grâce à une approche appelée « paix sociale ».

Il est chef de la division de prévention des conflits et de l’alerte précoce à la Commission de la paix et la sécurité de l’Union africaine, et il était auparavant cadre de la Mission de maintien de la paix de l’UA en Somalie.

Il est aussi membre de la Commission internationale sur une paix inclusive (ICIP), qui a organisé un séminaire de trois jours dans sa ville natale de Bujumbura (Burundi) du 22 au 24 novembre.

ICIP développe son initiative Principes de paix afin de redéfinir et restructurer la façon dont les pays s’engagent dans la construction de la paix. Le but est de créer de nouvelles normes pour une paix durable, une plus grande prise de responsabilité et une supervision des processus à long terme.

Les conflits historiques d’Afrique de l’Est ont fourni de nombreux sujets de discussion aux participants du séminaire, car la région a constaté les échecs des accords de paix au Burundi, en Somalie, au Soudan et au Soudan du Sud.

La crise en cours accompagnée de violence extrémiste et militante dans l’Est de la République démocratique du Congo, à seulement 17 km à l’Ouest de Bujumbura, a été fréquemment évoquée.

Dans une ère de tension et de polarisation, il n’est pas surprenant que la violence politique et les prises de pouvoir par les forces armées soient en hausse, et que les guerres extrémistes, ethniques, inter-états et hybrides se produisent plus fréquemment sur le continent.

Certains accords de paix ont mis fin à la violence sans pour autant assurer une paix positive durable.

Désiré Yamuremye, prêtre jésuite qui était membre de la Commission de vérité et réconciliation du Burundi, s’est exprimé au séminaire en déclarant que la plupart des accords de paix passés dans le sillage des conflits ne reflètent pas les réalités sur le terrain.

Ils ne considèrent pas les dommages économiques et les traumatismes psychologiques des gens.

« Pour qu’un conflit soit transformé en paix complète, il doit exister un progrès économique ouvert à tous, a-t-il dit. La paix sociale est plus importante qu’un règlement politique négocié. »

« L’absence de guerre ne signifie pas nécessairement la paix. »

Selon ICIP, l’initiative Principes de paix suit une plus vaste approche à la pacification, en exigeant l’inclusion, l’adaptabilité et l’engagement soutenu vers le développement de la légitimité aux yeux des civils.

Elle cherche à transformer les relations entre l’état et la société : de « l’inclusion comme représentation » à un discours authentiquement pluraliste avec des résultats et des relations basés sur le respect de la diversité dans la vie politique, sociale et économique.

Une approche de paix sociale peut offrir des solutions aux conflits et aux disputes qui sont uniques pour les divers segments nationaux et régionaux de la société.

Pendant le séminaire, certains ont exprimé leurs craintes que l’emploi d’une approche sociale pour réaliser la paix ne serait pas possible sans sécurité.

Hiba Qasas, chef du secrétariat de l’ICIP, a déclaré : « Il doit exister un niveau minimum de conditions, une atmosphère de sécurité pour que toutes ces autres choses puissent se produire. Vous ne pouvez pas ériger la société pluraliste et vous ne pouvez pas vraiment obtenir la légitimité d’un processus de paix sans avoir une sécurité de base. »

Mais la priorisation de la sécurité ne peut pas se traduire par la violence contre les civils par les services de sécurité de l’état. Évoquant des exemples de sécurité oppressive, Mme Qasas a dit qu’il doit exister une prise de responsabilité et une supervision au cœur du contrat social.

Mais au lieu de s’appesantir sur le passé, les membres de l’ICIP et les participants au séminaire ont convenu de l’importance d’envisager l’avenir avec optimisme.

« Nous avons découvert ce qui manquait, déclare l’ambassadeur Ngoga. Nous devons maintenant déterminer comment amplifier ces voix. Nous avons besoin de faire du bruit. »

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