Un film porteur d’un puissant message anti-extrémiste a reçu des honneurs à l’échelle internationale. Le film Timbuktu a été nominé pour un prix aux American Academy Awards, et a remporté les plus hautes distinctions aux Césars en France.
Le film raconte l’histoire du nord du Mali lorsqu’il était sous le contrôle de djihadistes. L’ancienne ville caravanière du titre, dont le nom est souvent évocateur d’isolement détaché du monde, a été capturée par des insurgés armés qui se sont arrogé une bande de territoire traversant ce pays de l’Afrique de l’Ouest pendant la plus grande partie de 2012.
Le film décrit la résistance des citadins et leur lutte pour préserver leur mode de vie sous le régime brutal et ultraconservateur des insurgés. Il montre comment les femmes ont été obligées de couvrir leur visage par leurs nouveaux maîtres des groupes al-Qaida au Maghreb islamique et Ansar al-Dine, qui ont interdit la musique et le football et ont infligé des flagellations et des amputations.
Les extrémistes ont démoli les mausolées de saints musulmans, les rejetant rageusement comme signes d’« idolâtrie », et ont détruit de précieux manuscrits conservés dans la ville.
Ce film, dont la majeure partie devait à l’origine être tournée au Mali — le seul film africain ayant été nominé pour le prix du meilleur film en langue étrangère aux Academy Awards — a fini par être tourné sous protection militaire en Mauritanie, d’où le metteur en scène Abderrahmane Sissako est originaire, avec seulement quelques scènes tournées dans la ville même de Tombouctou.
« Après un mois de tournage à Tombouctou, qui avait déjà été pratiquement libérée, il y a eu un attentat-suicide à la bombe à l’extérieur de la garnison », a rappelé Abderrahmane Sissako. « Je me suis dit que c’était naïf de ma part de faire venir là-bas une équipe de tournage étrangère comportant des Français et des Belges. Nous aurions pu être des cibles faciles ».
Cette coproduction française, caractérisée par sa cinématographie frappante, mais pourtant conçue avec sobriété, a été la première candidate mauritanienne pour le prix du meilleur film en langue étrangère aux Academy Awards. Elle était en lice en compagnie de quatre autres concurrents dans cette catégorie, qui a été remportée par le film polonais Ida en février 2015. Le même mois, Timbuktu a été récompensé en France par sept Césars, dont celui du meilleur film.